France : Un mois après la loi, le mariage homosexuel s’installe

Impossible pour l’instant d’établir un bilan chiffré des mariages puisque aucune statistique n’existe, mais les partisans de la loi sont satisfaits de la façon dont se sont déroulés les premières célébrations après les tensions des derniers mois autour de la loi.

« Il y a clairement eu un appel d’air important: des centaines de couples attendaient cela depuis des années et avaient préparé leur dossier depuis plusieurs semaines », affirme Nicolas Gougain, porte-parole de l’inter-LGBT.

Selon lui, dans les grandes villes, entre 80 et 100 dossiers ont été retirés dans les dix jours qui ont suivi le vote de la loi. A Paris, plus de 170 dossiers ont été retirés et 30 unions célébrées, selon la mairie.

« Mais surtout, alors que les opposants évoquaient des milliers de maires opposés à la loi, au final les récalcitrants sont extrêmement minoritaires », ajoute Nicolas Gougain.

Jusqu’ici le seul réel point de blocage est au Pays basque à Arcangues, commune de 3.000 habitants, où le maire refuse de marier un couple d’hommes qui a décidé mercredi de porter plainte.

D’autres maires opposés à la loi ont choisi de déléguer leur pouvoir pour que les mariages puissent avoir lieu: comme dans l’Aude, à Port-Leucate ou encore à Orange (Vaucluse).

Dans cette ville dirigée par Jacques Bompard (Ligue du Sud, ex-FN), fervent opposant à la loi Taubira, deux femmes se sont mariées en présence de leur fille. « Il n’était pas question que je célèbre ce mariage, par conviction, aussi c’est un adjoint qui a accepté de le faire », a expliqué le maire.

Au son des cloches

A l’opposé, de nombreux élus socialistes ont tenu à officier en personne: « Je viens avec fierté de célébrer le 1er mariage entre deux hommes à la mairie de Marseille, beaucoup d’émotion, d’amour et de joie », a tweeté Patrick Mennucci, député-maire des 1er et 7e arrondissements de la ville.

« Fier et heureux », le ministre des Transports Frédéric Cuvillier fut le premier membre du gouvernement à célébrer un mariage gay. Il a uni le 1er juin à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) deux hommes, en couple depuis 18 ans, gérants d’un bar.

Même fierté à Strasbourg, où le maire Roland Ries a marié deux militants, organisateurs de la Gay Pride strasbourgeoise le jour même de la manifestation. Ils sont ensuite allés défiler en tête du cortège. Comme à Toulouse, où le maire PS Pierre Cohen a uni Zoé et Eloïse le 15 juin alors que 13.000 personnes étaient rassemblées place du Capitole.

Mais loin des caméras, beaucoup ont opté pour un mariage discret. Ainsi, les premiers mariés à Paris, qui tenaient à leur intimité, ont dû décaler d’une journée la cérémonie, la date ayant « fuité » auprès des médias. De nombreuses mairies font ainsi état de couples demandant la confidentialité comme à Besançon, Belfort, Chalon-sur-Saône ou Auxerre…

Dans certaines communes rurales, des édiles ont ajouté leur touche personnelle. Ainsi, à Saint-Hilaire-d’Estissac (Dordogne), pour l’union d’un Français et d’un Ecossais en couple depuis 30 ans, la maire a fait sonner les cloches de l’église et prononcé ces mots inhabituels pour un mariage civil:  » Vous êtes réunis dans cette petite mairie pour être unis par les liens sacrés du mariage ».

Quelques élus ont décidé aussi de sauter le pas: à la Fosse-de-Tigné (Maine-et-Loire) le maire gay a annoncé qu’il allait se marier en octobre. A Paris, Christophe Girard, le maire du IVe arrondissement a déjà dit « oui » devant Anne Hidalgo, la première adjointe du maire Bertrand Delanoë, qui était lui-même témoin.

Peu de personnalités publiques se sont mariées. Samedi, coïncidant avec la Gay pride parisienne, Bertrand Delanoë doit marier Jean-Paul Cluzel, président du Grand Palais et ex-président de Radio France.

(Source AFP)