Barjot et le sénateur Jean-Pierre Michel s’affrontent au tribunal : Dans une lettre du 26 février, dans laquelle il refusait de recevoir le collectif, le sénateur PS estimait que celui-ci représentait « la pire des homophobies ».
« Vous êtes dans le déni d’homophobie comme d’autres sont dans le déni de racisme », ajoutait-il dans ce courrier qui avait été diffusé sur internet, avant de réitérer ces propos, pour lesquels il est poursuivi en diffamation, notamment dans une interview sur Public Sénat.
« Pure coïncidence », comme l’a souligné le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris Julien Senel, cette assignation a été examinée alors que devait commencer dans l’après-midi l’examen du texte au Sénat.
L’avocat de Frigide Barjot et du collectif, Me Alexandre Varaut, a estimé que l’attitude du sénateur traduisait un « refus du débat » avec ce collectif, qui a « mis dans la rue des centaines de milliers de manifestants ».
Il a dénoncé des « propos stupéfiants » dans un débat sur une « question anthropologique déterminante ».
« C’est une opinion, pas une diffamation », a rétorqué Me Jean-Marc Florand, conseil de Jean-Pierre Michel, pour qui ces propos, qui « s’inscrivent dans un large débat public », n’excèdent « en aucun cas » la « liberté d’expression ».
Son client a été « prudent dans l’expression » et sans « animosité personnelle », a-t-il plaidé, suscitant un raclement de gorge sonore de Frigide Barjot.
« Je suis porte-parole de fait de milliers de gens qui n’ont pas la parole », « je me battrai toute ma vie contre l’homophobie », a déclaré Frigide Barjot au président.
A la sortie de l’audience, le président de la commission des lois au Sénat Jean-Pierre Sueur a souligné que de nombreuses associations avaient été reçues, lors d’une cinquantaine d’heures d’audition et que le choix des interlocuteurs n’avait été aucunement contesté au sein de la commission.
En tout début d’audience, l’avocat de Jean-Pierre Michel a soulevé d’une part que le litige ne relevait pas du juge des référés, juge de « l’urgence et de l’évidence », et invoqué l’immunité parlementaire de son client.
Il a en outre dénoncé une procédure « abusive » ayant pour objet de « faire encore un peu de publicité » au collectif et à sa « passionaria ». Il a demandé un euro de dommages et intérêts à ce titre.
Frigide Barjot et « La manif pour tous » demandent chacune 3.000 euros.
La décision a été mise en délibéré au 18 avril.