Le vice-président du Front national Steeve Briois a demandé lundi à la justice de condamner pour atteinte à la vie privée l’auteur d’un livre auquel il reproche d’avoir révélé son homosexualité, nouvel épisode judiciaire d’une affaire qui a commencé il y a un an et demi.
Ce lundi, devant le tribunal de grande instance de Paris, il a demandé 30.000 euros de dommages et intérêts. Les jugements ont été mis en délibéré au 8 juillet.
En décembre 2013, la cour d’appel de Paris avait débouté Steeve Briois, alors secrétaire général du FN, qui demandait l’interdiction du livre «Le Front national des villes & le Front national des champs». L’ouvrage avait paru quelques mois avant les municipales de mars 2014, remportées dès le premier tour à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) par ce proche de Marine Le Pen.
La cour avait estimé qu’en raison de son statut de «personnalité politique de premier plan», «l’évocation de l’homosexualité de M. Briois et de la supposée influence de cette orientation sexuelle sur la politique du Front national», notamment dans le débat autour du mariage homosexuel, «est de nature à apporter une contribution à un débat d’intérêt général» et «prime sur le droit au respect de ce pan de sa vie privée». Elle néanmoins demandé des modifications.
L’auteur, Octave Nitkowski, a soutenu qu’il n’avait pas évoqué «gratuitement» l’homosexualité de Steeve Briois, proche de Marine Le Pen. Il était selon lui «légitime d’en parler» dans la mesure où cet élément a un «sens politique». Dans le débat sur le mariage homosexuel, la présidente du FN est restée «à la marge» et a eu une position «timorée», a-t-il souligné.
Pour l’avocate du jeune homme, Me Léa Forestier, il n’y a pas de «révélation» de l’homosexualité de M. Briois, nécessaire selon elle pour que l’atteinte à la vie privée soit constituée, mais une «évocation». Cette information courrait dans la sphère politico-médiatique et avait notamment déjà été publiée en 2011 sur un site internet de l’ultra-droite, dont le directeur de la publication a pour cela été condamné, mais Briois n’avait pas demandé le retrait des propos litigieux, a-t-elle fait valoir.
« J’ai 17 ans, je vois cela sur Internet. Comment je peux savoir que cela a été dévoilé illicitement? », s’est défendu le jeune homme. « Pourquoi Steeve Briois n’a-t-il pas demandé à ces sites de retirer les informations sur sa vie privée », s’est-il demandé.
L’avocat du cadre frontiste, Me David Dassa Le Deist, a quant à lui contesté qu’au nom d’un «esprit de transparence», «on pourrait tout transgresser». Steeve Briois s’est «opposé à l’instrumentalisation de cette information», qui «le place dans une minorité à laquelle il n’a jamais entendu être assimilé».
Le maire d’Hénin-Beaumont et son compagnon ont également attaqué Michel Field pour un édito sur LCI, dans lequel il évoquait le débat sur la demande d’interdiction du livre.
Le outing réel ou présumé est un vrai sujet
« Personne ne peut s’arroger le droit de révéler l’identité sexuelle de quelqu’un », a tonné l’avocat de Steeve Briois dans sa plaidoirie.
C’est donc que l’homosexualité n’est pas encore tout à fait entrée dans les mœurs.
Si Steeve Briois avait été hétéro et marié, cela aurait-il posé un problème ?
N’est-ce pas un peu étrange qu’un personnage public ait un « positionnement politique en parfaite inadéquation avec sa vie privée » ? Se prononcer contre l’égalité des droits en étant homosexuel ? C’est sans doute aussi pour cette raison que nous faisons écho à cette information.
@stop_homophobie
avec AFP