Un important commandant du mouvement islamiste palestinien, accusé d’espionnage pour Israël et exécuté, a également été reconnu coupable de turpitude morale, un euphémisme du Hamas pour évoquer l’homosexualité, a rapporté mardi le New York Times, indique Timesofisrael.
Mahmud Eshtawi, 34 ans, laisse derrière lui deux femmes et trois enfants. Sa famille affirme que les accusations portées contre lui ont été montées de toutes pièces par un commandant rival au sein des Brigades Ezzedine al-Qassam et qu’il a été torturé pour avouer des crimes qu’il n’avait jamais commis, ayant même taillé le mot arabe Zulum – faux – dans son corps en guise de protestation silencieuse.
En janvier 2015, quatre mois seulement après la fin d’une guerre de 50 jours avec Israël, l’Opération Bordure protectrice, Eshtawi a été convoqué pour un interrogatoire par des agents des Brigades al-Qassam sur des soupçons qu’il avait détourné des fonds qui étaient destinés à son unité.
Eshtawi a rapidement reconnu avoir gardé l’argent, éveillant des soupçons qu’il couvrait quelque chose de plus important.
Une enquête plus poussée a trouvé un homme qui a affirmé avoir eu des relations sexuelles avec Eshtawi et qui a fourni les heures et les lieux spécifiques de leurs rendez-vous présumés. Les enquêteurs d’al-Qassam sont parvenus à la conclusion que Eshtawi avait utilisé l’argent pour payer l’homme pour ses rapports sexuels, ou pour acheter son silence.
Une autre possibilité évoquée était que les services de renseignements israéliens connaissaient ses activités homosexuelles et qu’il leur a fourni des informations pour les empêcher de révéler son homosexualité dans une société qui est violemment intolérante envers l’homosexualité.
Le 15 février 2015, deux de ses frères et sœurs ont pu lui rendre visite dans sa cellule. Lors de la visite, sa sœur, Samia, lui a demandé si les rumeurs qu’ils entendaient sur lui étaient vraies et il hocha la tête. Lorsque Samia a accusé ses gardiens de le battre pour obtenir ses aveux, ils lui ont répondu qu’il avait avoué sans un seul coup. Mais, selon Samia, Eshtawi leva la main vers elle et il y avait écrit Zulum au stylo sur elle à trois reprises.
Une semaine après son exécution l’organisation Human Rights Watch a publié un rapport appelant les autorités du Hamas à enquêter sur la torture d’Eshtawi, qui selon elle était connue de hauts responsables au sein de l’organisation.