Le Grand Conseil genevois a voté, ce vendredi 5 mars, à l’unanimité moins une abstention, en faveur d’une motion des Verts, visant à bannir les « thérapies de conversion », sans distinction entre les majeurs et les mineurs. Genève devient ainsi le premier canton à se lancer concrètement sur la voie, enjoignant le Conseil d’Etat et les autorités fédérales à étendre cette interdiction à toute la Suisse.
« Les personnes ayant subi de telles pratiques doivent disposer d’espaces de reconstruction », précise le texte, consulté par LeTemps, qui évoque près de 14 000 personnes victimes en Suisse.
Le canton de Vaud devait suivre avec une motion là encore, déposée ce 2 mars, par le député socialiste Julien Eggenberger, rallié par une majorité d’élus de tous les partis. « Il ne suffira pas d’édicter un article de loi, il faudra sans doute en modifier plusieurs : celle sur la protection des mineurs, sur la santé publique… Et il faudra surtout définir la notion de thérapie de conversion », explique-t-il.
La région a régulièrement défrayé la chronique sur la question de ces « thérapies », surtout dispensées dans des milieux religieux. En 2012, l’Église évangélique Lazare, établie sur la commune de Bussigny, avait proposé un stage de « restauration d’identité » mis sur pied par une organisation française. Il y a trois ans, c’est un généraliste, acupuncteur et homéopathe français, exilé en Suisse, qui exerçait sur Vaud et Genève, en proposant de « guérir de l’homosexualité », qui a été suspendu par la Fondation suisse pour les médecines complémentaires (ASCA). Et l’année dernière, c’est une psychiatre sur le canton de Schwytz, qui a été dénoncée.
L’homosexualité n’est pas un trouble ou une maladie, et ne nécessite aucun « remède » !
En mars 2018, le Parlement européen a voté un texte appelant les Etats membres à interdire ces pseudos pratiques, qui prétendent modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU les assimile à des actes de torture. Selon l’expert mandaté, elles sont « intrinsèquement discriminatoires, cruelles, inhumaines et dégradantes selon leur sévérité ». Malte et l’Autriche les ont bannies, l’Allemagne les prohibe pour les mineurs, et des projets d’interdiction sont en cours en France, en Espagne, en Norvège et au Royaume-Uni.