Le Ghana souhaite étendre sa législation anti-lgbt aux alliés et promoteurs de la cause. Un texte de quelque 36 pages, intitulé « Projet de loi sur la promotion des droits sexuels humains appropriés et des valeurs familiales ghanéennes » (« Promotion of Proper Human Sexual Rights and Ghanaian Family Values Bill 2021 »), a été présenté à l’Assemblée ce 29 juin, pour une première lecture envisagée début août puis en octobre..
Le Code pénal ghanéen, reliquat du système colonial institué par les Britanniques, même s’il n’était pas systématiquement appliqué, réprime déjà les relations entre personnes de même sexe.
Mais pour les 8 députés, initiateurs de la nouvelle proposition, « l’homosexualité n’est pas un droit humain. C’est une préférence sexuelle », « une pratique contre nature et avilissante », « une menace pour les valeurs familiales ghanéennes », « un défi pour la sécurité, la santé publique et la morale… ».
D’où l’élaboration d’une disposition spécifique, notamment inspirée par les lois russe et ougandaise, pour circonscrire le « mouvement » qui s’enracine dans le pays. Groupes et personnes s’identifiant comme LGBT+, militants et défenseurs pourraient ainsi encourir des peines de 5 à 10 ans de prison.
Le texte semble bénéficier du soutien général et alimente les hostilités à l’encontre de la communauté. Il autorise aussi le recours aux thérapies de conversion. Des amendements sont à prévoir et le président conditionne sa décision à la version définitive, mais le texte contrevient gravement aux principes d’égalité et de non-discrimination, aux droits à la liberté d’expression, d’association et à la vie privée, ainsi qu’à l’interdiction de la torture entérinés par la Constitution ghanéenne de 1992 et par les traités internationaux.
Rappelons que la résolution 2014 adoptée par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples invite les États à protéger les défenseurs des droits et personnes LGBT+ dans un environnement propice, exempt de stigmatisation.
Une pétition partagée en ligne appelle au rejet de cette loi.
Selon une enquête réalisée par l’Africa Center for International Law and Accountability (ACILA), 87% de la population approuve l’interdiction pour les personnes LGBT+ de tenir des réunions publiques et pour 75%, les déclarations homophobes des représentants de l’Etat et des chefs religieux.
En janvier dernier, l’ouverture dans la banlieue d’Accra d’une première permanence associative dédiée, en présence notamment de dignitaires européens, avait relancé les violences et abus. Des groupuscules armés ont même coordonné des attaques pour « débusquer, punir et humilier les homosexuels ».