Grèce : Inquiètude autour de l’instauration de tests VIH forcés

La décision du ministre de la Santé grec de réintroduire une mesure permettant à la police de faire procéder à des tests VIH forcés et des examens de santé obligatoires sur des populations jugées à risque, a ému l’organisation non gouvernementale HRW qui demande son abrogation.

« Il est profondément inquiétant qu’il n’ait fallu qu’un jour au nouveau ministre de la Santé pour réintroduire une mesure qui viole les droits de l’Homme, stigmatise les groupes à risques, et qui s’est avérée contre-productive pour protéger la santé publique » a déclaré Judith Sunderland, une analyste de HRW spécialisée sur l’Europe occidentale.

« Faire face aux maladies infectieuses telles que le VIH, l’hépatite, ou la tuberculose demande des investissements accrus dans les services de santé publique, pas dans la police » a-t-elle ajouté.

Le nouveau ministre Adonis Georgiadis (photo), qui vient de l’extrême-droite, a été nommé lors du remaniement gouvernemental du 25 juin dernier. Le 26 juin, il a réintroduit une mesure sur la lutte contre la transmission des maladies infectieuses, initialement prise en avril 2012 par le socialiste Andreas Loverdos, puis annulée en avril dernier par son successeur du parti de gauche Dimar.

Durant l’année où elle a été appliquée, cette mesure a permis à la police de procéder à des arrestations de prostitués, drogués, et immigrants sans papiers pour procéder à des tests VIH et autres mesures de dépistages de maladies, a souligné HRW.

En mai 2012, Amnesty International avait appelé le gouvernement grec à mettre fin à cette mesure qui stigmatise les prostitués.

La prostitution est légale en Grèce à condition qu’elle se pratique dans des établissements spécialisés, qui, en théorie, sont soumis à des règles strictes.

Selon le centre pour le contrôle des maladies et la prévention (Keelpno), les infections au VIH positif sont en forte augmentation en Grèce depuis 2000, et particulièrement depuis le début de la crise.

Dans son rapport 2012, le centre note que la prévalence du VIH a augmenté de 22% entre 2011 et 2012, et de 58% entre 2010 et 2011.

« Au total, 1.180 cas d’infection au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ont été rapportés en 2012, soit 10,9 cas pour 100.000 habitants, ce qui est le chiffre le plus élevé jamais enregistré dans le système statistique VIH/Sida » a estimé HRW.

(Source AFP)