Le procès de Kevin, victime d’un guet-apens homophobe à Drancy, se tiendra ce lundi 10 mai 2021 à 13h devant le Tribunal correctionnel de Bobigny. Mousse, STOP homophobie et Adheos se sont constituées parties civiles à ses côtés.
Le 5 mars 2019, Kévin, la trentaine, se rend à Drancy, après avoir organisé une rencontre avec un autre utilisateur d’une application dédiée. Mais une fois sur place, trois personnes l’attendent. Le piège se referme. Le jeune homme se fait agresser violemment, poignarder dans le ventre et dépouiller de ses clés de voiture et de son téléphone. Il aura un poumon perforé. Ces violences ont entraîné une incapacité totale de travail de plus de huit jours et un profond traumatisme psychologique.
Des faits qualifiés de violences homophobes en réunion avec usage d’une arme
Les faits ont d’abord été qualifiés de tentative de meurtre, avant d’être requalifiés en délit de violences à raison de l’orientation sexuelle avec incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 8 jours. Deux autres circonstances aggravantes sont également retenues : l’usage et la menace d’une arme et la commission des faits en réunion.
Deux des agresseurs étant mineurs au moment des faits, ils seront jugés devant le Tribunal pour enfants, tandis que le troisième agresseur sera jugé devant le Tribunal correctionnel de Bobigny ce lundi 10 mai à 13h. La peine encourue est de dix ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende.
Un cas de guet-apens homophobe loin d’être isolé
Selon un communiqué officiel du ministère de l’Intérieur, en 2019, les forces de police et de gendarmerie ont recensé 1870 victimes d’infractions à caractère homophobe ou transphobe. Ces chiffres traduisent une augmentation de +36% du nombre de victimes d’actes anti-LGBT par rapport à 2018. Les victimes des actes anti-LGBT constatés par la police sont en majorité des hommes (75 %) entre 15 et 34 ans (58 %). Kévin correspond ainsi parfaitement au profil-type de la victime de violences homophobes du ministère de l’Intérieur.
Selon deux sondages réalisés par l’Ifop en 2018 et 2019 pour la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie (Dilcrah) :
– 55% des LGBT ont déjà été victimes d’un acte LGBTphobe dans leur vie,
– 39% des homosexuel.le.s résidant dans des banlieues populaires ont déjà été agressé.e.s physiquement en raison de leur orientation sexuelle,
– 80% des LGBT agressé.e.s physiquement au cours des 12 derniers mois expriment un sentiment de désarroi en lien avec leur orientation sexuelle ou leur identité de genre,
– 60% des LGBT victimes d’une agression physique ont pensé à se suicider.
On constate ainsi que le contexte de discrimination accentue les effets psychologiques des violences physiques. Ces conséquences psychologiques graves sont – malheureusement – également présentes chez Kévin.
Des guets-apens homophobes font régulièrement l’objet d’articles dans les journaux. En France, la plus grandes affaires de ce type a eu lieu à Tarbes. Un groupe d’une dizaine de personnes s’était organisé pour attirer tour à tour une trentaine d’hommes sur un parking, afin de les passer à tabac et de leur soutirer de l’argent en les amenant au distributeur de billets le plus proche . À nouveau, la similitude avec la présente affaire est frappante : Kévin a, lui aussi, été agressé physiquement avant d’être victime d’un vol.