Des jeunes hommes, parfois en groupe, ciblent des hommes gays ou bisexuels pour les voler. Pour leur faire peur et les humilier. Pour leur faire mal, parfois pour les tuer. Ces guet-apens sont l’expression d’une homophobie ancestrale et viscérale, toujours ancrée dans notre société. Des agressions, des violences, des crimes souvent invisibles, parce qu’ils sont souvent traités comme des faits divers, mais aussi parce que les victimes ne portent pas plainte, très souvent par honte.
Pendant des mois, Sarah Brethes, Mathieu Magnaudeix et David Perrotin, journalistes à MEDIAPART, se sont ainsi plongés dans des dossiers judiciaires, ont enquêté, rencontré des victimes de ces pièges, mais ont aussi interrogé leurs agresseurs, révélant l’ampleur d’un phénomène qu’on pouvait croire disparu.
Leur film, « Guet-Apens, des crimes invisibles », questionne aussi le rôle des institutions dans la lutte contre l’homophobie. Dans un pays où l’homosexualité a été dépénalisée en 1982, comment la police accueille-t-elle les victimes de ces pièges ? La circonstance aggravante d’homophobie, entrée dans le code pénal en 2004, est-elle bien appréhendée par les magistrats ? Pourquoi la justice n’a-t-elle prononcé que 11 condamnations pour guet-apens homophobes ces quatre dernières années, alors qu’en compilant la presse et les archives des associations LGBTQI+, dont STOP homophobie, les co-réalisateurs ont comptabilisé au moins 300 victimes depuis cinq ans ?
Diffusé sur Mediapart dès ce 19 avril, « GUET-APENS. Des crimes invisibles » sera ensuite projeté dans différentes salles et lieux en France, en lien avec des associations LGBTQI+ ou dans le cadre d’évènements autour de la lutte contre l’homophobie.