Haine sur internet : Faut-il sanctionner le retweet de messages illicites ?

Le 20 janvier 2015, le tribunal correctionnel de Paris condamnait trois internautes à des amendes et des dommages et intérêts à la suite de tweets homophobes tels que « BrûlonsLesGays » ou « LesgaysDoiventDisparaîtreCar ».

La provocation à la haine ou à la violence en raison de l’orientation sexuelle, mais aussi les injures et la diffamation n’échappent pas au joug pénal sous prétexte que ces infractions sont commises sur Twitter. Parce que la plateforme de microblogging n’est pas une zone de non-droit, loin de là ! Sur ce média ouvert à tous et visible partout instantanément, comme le rappelle d’ailleurs sa « politique de vie privée », la parole est libre, mais elle est aussi encadrée comme sur les autres médias. Tout propos raciste, injurieux ou homophobe, tout message faisant l’apologie d’un crime de guerre ou incitant à la haine, toute publication de photo sans l’autorisation du titulaire des droits peuvent être poursuivis en justice.

Retweeter n’est pas approuver

Mais qu’en est-il du relayeur d’un tweet illicite ? Peut-il être sanctionné en tant qu’auteur ou complice ? Retweeter est, dans l’esprit de certains utilisateurs, informer. Pour d’autres, c’est « approuver ». Pour d’autres encore, c’est « dénoncer ».

Du côté de la victime, c’est bien le retweet qui amplifie son préjudice en déployant l’écho médiatique du message initial, en le répandant auprès d’un nombre exponentiel de destinataires. C’est lui qui tisse cette gigantesque toile d’araignée du tweet et qui lui donne une réelle visibilité.

Mais en même temps, comment condamner des centaines de relayeurs qui tels des moutons de Panurge s’imitent dans la démesure et la transgression ? La responsabilité peut-elle se dissoudre dans le retweet ?

Myriam Quéméner et Christiane Féral-Schuhl, plaident le « pour » et le « contre » en… trois minutes !

Par (LePoint)