L’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) devrait se prononcer, d’ici lundi, sur le sort d’une Nigériane retenue au Centre de rétention administrative d’Hendaye (CRA). La Cimade la présente par son prénom, Elita. L’organisation qui vient en aide aux migrants et réfugiés explique qu’elle est homosexuelle dans un pays qui réprime l’homosexualité. « Elle risque quatorze ans de prison », indique Francisco Sanchez-Rodriguez, défenseur des étrangers retenus.
C’est précisément la peine que purgeraient deux amies de la jeune femme. « Elles se trouvaient avec elles, chez une amie, le 3 avril. Elles étaient quatre au total, ce jour-là. Toutes homosexuelles. Des hommes les ont surprises dans une chambre. » Francisco Sanchez-Rodriguez illustre les dangers encourus par les homosexuels au Nigeria : « Deux filles ont été emprisonnées, une troisième a été brûlée vive en place publique. Elita est la seule à avoir pu fuir. »
Elle quitte le pays, prend un avion pour New York qui fait escale à Paris. Les États-Unis la renvoient au précédent aéroport : Roissy. Elle y passe 18 jours en « zone d’attente ». Elle doit être expulsée vers son pays d’origine mais refuse par huit fois d’embarquer. Le juge des libertés la laisse sortir de la zone d’attente, avec l’obligation de quitter la France sous huit jours.
« Elle décide de rallier l’Espagne pour faire une demande d’asile. Mais elle est interpellée lors d’un contrôle en gare d’Hendaye. » Depuis le 24 juillet, elle est retenue au CRA. « Le préfet a pris un arrêté d’expulsion. » Le tribunal administratif de Pau confirmera cet arrêté. « Il n’a pas considéré les risques de persécutions qu’elle encourt au Nigeria », déplore son défenseur.
Celui-ci porte l’affaire devant la Cour administrative d’appel de Bordeaux et sollicite la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). La Nigériane a déposé une demande d’asile auprès de l’Ofpra. « J’ai demandé à la Cour européenne une mesure conservatoire en attendant que l’Ofrpa se prononce. » Si sa réponse est négative, la CEDH analysera son cas au fond.
L’association de défense des minorités sexuelles Les Bascos s’est jointe à la Cimade dans la défense d’Elita. Les militants rappellent qu’« entretenir des relations entre personnes du même sexe est illégal dans 76 états. Dans sept d’entre eux, dont certaines régions du Nigéria, les homosexuels sont même menacés de mort. »