Historique : Israël ouvre le don du sang aux hommes gays et bisexuels, sans condition d’abstinence

Un an après avoir suspendu la plupart des restrictions, le ministère de la Santé et l’organisation caritative Magen David Adom (Bouclier rouge de David), société nationale du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, viennent également d’annoncer, ce 10 janvier, la levée totale de l’interdiction du don du sang imposée aux hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Ils étaient jusque-là soumis à un délai d’exclusion de 12 mois à compter du dernier rapport sexuel.

Dès le mois d’avril 2018, un programme pilote sera lancé, le dépistage des infections transmissibles par transfusion étant désormais suffisamment sensible pour garantir la fourniture de sang et de produits sanguins sûrs, ainsi que des transfusions sanguines efficaces. Les dons recueillis seront conservés pendant quatre mois et lors d’un second prélèvement, si le donneur ne présente toujours aucun risque, les unités précédemment congelées seront approuvées comme traitement pour les patients. Ces deux contrôles pour l’éligibilité, pendant le don initial et avant la transfusion, permettent de s’assurer que la sécurité n’est pas compromise. Une étude suivra dans les deux ans.

« C’est une percée historique pour l’égalité et dans cet effort pour accroître la volonté des LGBT à donner du sang, tout en protégeant la sécurité de l’approvisionnement », a commenté le directeur du MDA, Eli Bin, soulignant un travail effectué en collaboration avec la députée du parti Koulanou, Meirav Ben-Ari, et le groupe israélien de prévention du sida et représentants de la communauté.

« C’est une excellente nouvelle », s’est d’ailleurs félicité Ben-Ari, en charge du groupe de travail LGBT. La situation était frustrante. Nous ne pouvions pas donner du sang et contribuer à sauver des vies, sans avoir à mentir sur notre orientation sexuelle. Je suis heureux d’avoir participé à cette étape, et salue les décisions d’Eli Bin et du ministère de la santé », Israël se plaçant désormais parmi les pays les plus avancés dans ce domaine.

En France, le Conseil d’Etat a rejeté, ce 28 décembre, notre demande pour que soit retirée cette même condition d’abstinence, estimant que « les autorités sanitaires doivent privilégier les mesures les mieux à même de protéger la sécurité des receveurs lorsque les données scientifiques et épidémiologiques disponibles ne permettent pas d’écarter l’existence d’un risque ».

La charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et la loi française interdisent de discriminer les donneurs de sang en raison de leur orientation sexuelle. Pour la contourner, le Conseil d’Etat a considéré que l’exclusion des gays n’est pas fondée sur leur « orientation sexuelle », mais sur leur « comportement sexuel ». En dépit de ce rejet, l’institution assure qu’une évolution ultérieure des conditions du don ne sera pas exclue : « Les nouvelles conditions de don de sang permettront aux autorités sanitaires de disposer d’éléments d’appréciation supplémentaires dans la perspective d’une possible évolution des critères de sélection ».

Terrence Katchadourian
stophomophobie.com