L’ex-international allemand Thomas Hitzlsperger (31 ans) a révélé son homosexualité dans un entretien accordé au magazine Die Zeit. Un témoignage rare dans le monde du football souvent targué de machiste.
C’est bien connu, le football est un monde plutôt machiste et misogyne. Pas facile dans ces conditions pour un joueur professionnel de révéler son homosexualité en pleine activité. Souvent, l’intéressé préfère attendre sa fin de carrière pour faire son coming out. C’est exactement le choix opéré par Thomas Hitzlsperger. Dans un entretien accordé au magazine Die Zeit, l’ancien international allemand a décidé de crever l’abcès. « Je déclare mon homosexualité parce que je veux faire avancer la question de l’homosexualité dans le monde du sport professionnel, a-t-il déclaré. L’ancien milieu de terrain (52 sélections) a pris le temps de la réflexion pour mûrir sa décision. « C’est seulement ces dernières années que j’ai réalisé que je préférais vivre avec un homme », poursuit-il, soulignant qu’« en Angleterre, en Allemagne ou en Italie, la question de l’homosexualité n’est pas prise au sérieux, surtout pas dans les vestiaires. » Il y a peu, le coming out de Jason Collins, basketteur NBA, avait ravivé le débat particulièrement sensible dans la société sportive. Dans la foulée, un rapport avait évoqué, sous couvert d’anonymat, les révélations de huit joueurs de Premier League sur leurs orientations sexuelles.
Le drame de Justin Fashanu
Des militants de la cause gay avaient même confié au magazine britannique, The Observer, que le président de l’association des footballeurs professionnels (PFA), Clark Carlisle, avait été mis au courant. Mais que sept d’entre eux avaient peur des représailles. Pas forcément celles des coéquipiers mais plus des supporters. En mars 2013, Robbie Rogers, international américain, avait lui aussi révélé son homosexualité en annonçant sa retraite sportive dans la foulée… à seulement 25 ans ! « Dans le football, il est évidemment impossible de faire son coming out, avait-il estimé au cours d’un entretien au quotidien britannique The Guardian. Je redoutais beaucoup la réaction de mes coéquipiers. Si vous jouez bien, on dira de vous : « Le footballeur gay joue bien. » Et si vous faites un mauvais match, ça donnera ça : « Le mec qui est gay, il a du mal parce qu’il est gay. » » Avant lui, ils sont peu à avoir publiquement révélé leur homosexualité. On se souvient malheureusement de Justin Fashanu, ancien international anglais des moins de 21 ans qui s’est suicidé en 1998 à l’âge de 37 ans.
Le Paris Foot Gay lutte contre l’homophobie
Mais aussi de l’espoir suédois Anton Hysen, fils de Glenn, ancienne star de la Fiorentina et de Liverpool. « Je ne jouerai peut-être pas en Ligue 1 mais je veux montrer qu’on peut être footballeur et homosexuel, avait-il déclaré au magazine suédois Offside en 2011. Il y aura toujours des gens qui ne supportent pas les homos, comme il y a des gens qui ne supportent pas les immigrés. Je peux intéresser un club et puis l’entraîneur change d’avis en découvrant que je suis gay mais c’est son problème, pas le mien. » Aujourd’hui encore, le tabou est plus que palpable dans le monde du football. En France, le Paris Foot Gay lutte contre l’homophobie. En mars 2013, une enquête lancée par le PFG avait livré des résultats sans équivoque. Sur 363 hommes sportifs (121 joueurs professionnels et 129 joueurs en centre de formations) interrogés, 41% des joueurs professionnels et 50% des joueurs évoluant en centre de formation avaient révélé avoir des pensées hostiles envers les homosexuels. Le chemin est encore long…