Hommage « en toute discrétion » à Jean-Pierre Coffe : Gastronome médiatique, restaurateur et pédagogue hors pair (VIDEO)

Jean-Pierre Coffe, chroniqueur gastronomique qui s’était érigé en rempart contre la malbouffe et défenseur des produits bio, s’est éteint à l’âge de 78 ans dans la nuit de lundi à mardi 29 mars, selon RTL, avec qui il collaborait en tant que chroniqueurs de l’émission les Grosses Têtes.

Il « souhaitait partir en toute discrétion, c’étaient ses dernières volontés », a souligné Laurent Ruquier. « Évidemment, l’information a fuité comme toujours. C’est raté, j’ai envie de dire, parce que de toute façon, la discrétion et Jean-Pierre Coffe, c’est deux choses qui n’allaient pas vraiment ensemble ».

Personnage subversif voire corrosif, « dent dure et cœur tendre », trois fois marié, trois fois divorcé, Jean-Pierre Coffe a terminé sa vie « avec Christophe, un compagnon magnifique, qui l’a rendu tellement heureux, dont il était fou d’amour », a confié Philippe Gelluck, l’un de ses meilleurs amis.

En 2014, il déclarait sa volonté d’officialiser sa relation mais, quelques jours plus tard, sur le plateau de Touche pas à mon poste! sur D8, il annonçait que son partenaire avait finalement refusé sa demande en mariage.

Il évoquait déjà en 2015 sa disparition dans la presse : « Cela ne me dérange pas. Ce n’est pas mon obsession de mourir ou pas, c’est pas ma pensée prioritaire. J’ai encore envie de faire des choses (…) Je suis heureux avec un type avec lequel je m’entends bien. On n’est pas obligé d’étaler sa vie privée, quand même! », avait-il encore expliqué dans les colonnes du Figaro. « J’espère que ce sera lui qui dispersera mes cendres dans le jardin et qui ouvrira la cave pour que les gens boivent un coup. Ça s’arrête là. Je déteste les nécrologues qui passent leur vie à pleurnicher. Voilà ce que je souhaite. » Il voulait qu’on se souvienne de lui comme d’un « bon vivant ».

« Un homme généreux, entier et sincère »

Sa vie aura toutefois été jalonnée de drames et déceptions. Après une soixantaine d’ouvrages sur la cuisine et le jardinage, il avait publié en 2015 une autobiographie intitulée « Une vie de Coffe », dans lequel il évoque son enfance difficile, sa souffrance quand son ex-femme a décidé d’avorter et qu’il l’a découverte en sang ou lorsqu’il perdit sa fille emportée par un cancer à 37 ans.

« L’écriture de ce livre m’a pris deux ans. Après la première partie, j’ai fait une dépression et, une fois remis, je n’arrivais plus à écrire une ligne. Il a fallu que j’aille voir une psy pour la première fois de ma vie, à 77 ans. Elle m’a débloqué ça en une demi-heure, un vrai miracle! Le lendemain, j’écrivais de nouveau. »

Il a aussi survécu à un très grave accident de voiture qui le paralysera pendant deux ans. Il a connu plusieurs faillites, confiant notamment dans La Parenthèse inattendue en 2013 avoir eu des envies suicidaires : « On est à Quiberon, le long de la côte sauvage et on se dit qu’on va aller à fond la caisse et on va se péter la gueule. Et ça va se terminer. Parce qu’on y croit plus. Parce qu’on a subi une première intervention, une deuxième, et puis que ça ne marche pas et qu’on ne marche pas. (…) Je suis là, paumé, il n’y a plus qu’à me foutre en l’air après tout. »

Crâne rasé, lunettes rondes et coups de gueule enflammés, Jean-Pierre Coffe était néanmoins convaincu que l’on pouvait bien manger pour pas cher et appelait les consommateurs à « changer leurs habitudes alimentaires » pour renouer avec le plaisir de cuisiner en privilégiant les produits de saison. C’est Michel Denisot qui l’avait découvert en 1984, lui ouvrant les portes de Canal +. « C’est quelqu’un qui incarnait une joie de vivre et un plaisir de la vie assez incomparable. C’était un acteur. Il avait quelque chose en plus : le goût et la passion des bonnes choses, et il le jouait magnifiquement. C’était un vrai spectacle à chaque fois. (…) Avec lui on s’amusait beaucoup et on poussait le bouchon un peu loin de temps en temps. »

Il travaillait, ponctuellement, pour les enseignes de la grande distribution, mais son combat contre la malbouffe était sincère.

« Pour Leader Price, je passe deux jours par semaine dans les usines et, en six ans, j’ai retoqué 3 500 produits. Regardez les campagnes menées par la grande distribution sur les produits sans arômes ni colorants: je suis quand même le premier à m’être battu là-dessus! Chez Leader Price, les confitures sont faites sans aucun gélifiant et il n’y a plus aucun colorant ou arôme autre que naturel. Mais comme les journalistes gastronomiques ne rentrent pas dans les usines d’agroalimentaire, ils ne voient pas comment je travaille! Leader Price, c’est justement ce dont je suis le plus fier parce que je permets à des gens qui n’ont pas de ronds de manger correctement. »

Comédien, restaurateur vedette aux Halles de Paris, homme de télévision, auteur… Jean-Pierre Coffe restera cet homme en culotte framboise qui lança un jour son célèbre : « C’est de la merde ! »

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Bien sûr, les hommages n’ont pas tardé à fleurir sur les réseaux sociaux, de la part de ses camarades de télévision et radio (Nagui, Jean-Jacques Bourdin, Serge Moati, Christine Bravo, Pierre Lescure…), mais aussi des politiques. Le Président François Hollande a ainsi salué « un bon vivant qui avait le goût de partager avec ses amis et les Français le plaisir des rencontres et des saveurs. » Dans un communiqué, Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, parle d’« un homme touchant et généreux, fervent défenseur de la cuisine française et des produits de qualité accessibles à tous. (…) Il avait le sens des autres et savait pimenter la vie. »

Une pétition en ligne vient d’être lancée appelant à donner son nom à l’une des grandes avenues qui traversent le marché de Rungis, haut lieu de la production agro-alimentaire de qualité en France et en Europe.

Sincères condoléances à ses proches et à sa famille.