Homophobie : De 18 à 24 mois de prison ferme requis contre les agresseurs de Wilfred de Bruijn et de son compagnon, Olivier

Le procureur a requis une peine de trois ans de prison, dont un an avec sursis, et une peine de 30 mois de prison, dont un an avec sursis, contre les deux agresseurs présumés du couple. La magistrate a par ailleurs requis une peine d’un an de prison, dont six mois avec sursis, contre un troisième homme accusé de ne pas avoir empêché la commission du délit.

L’agression sauvage dont avaient été victimes Olivier et Wilfred le 7 avril 2013 dans le quartier des Buttes-Chaumont (XIXe) avait suscité l’émoi en plein débat sur le mariage gay. De l’avalanche des coups est restée une photo : le visage tuméfié de Wilfred de Bruijn diffusé sur sa page Facebook après l’agression. « Nous sommes émus, impressionnés, confrontés à l’horreur qu’on a vécue, c’est dur, très dur », a déclaré Wilfred de Bruijn à la sortie de l’audience.

Quelques minutes auparavant, la procureur avait estimé que « la dimension homophobe » du « passage à tabac », de « l’agression extrêmement brutale » qu’ont subi les deux homosexuels ne faisait « aucun doute ». Un des prévenus a reconnu à l’audience que quelqu’un avait lancé « ah les homosexuels » en direction des deux jeunes hommes avant qu’ils ne soient frappés. Le procureur a néanmoins regretté que les prévenus aient « minimisé les faits de façon désolante ».

L’un des deux agresseurs présumés, Taieb, en détention provisoire depuis septembre 2013 a dit sa « honte ». Âgé de vingt ans, condamné à sept reprises pour des vols et des violences il a dit : « J’étais bourré, j’étais avec des amis, j’ai frappé les deux types », niant toute motivation homophobe. L’autre prévenu, Malik, 19 ans, également condamné à plusieurs reprises pour des vols et violences, a reconnu avoir asséné un coup de poing. « J’avais un peu bu et j’ai cru que c’était une embrouille », a-t-il dit. Pour son avocat, Me Yann Le Bras, son client avait participé à une « agression lâche, lamentable, barbare ».

Il a reconnu le caractère « homophobe » du délit mais l’a mis sur le compte « d’une imbécilité immature et lâche », n’y voyant « rien de construit ». « Il s’effondre en larmes devant le juge, il s’effondre en larmes au parloir, ne croyez pas que ses regrets sont de circonstances », a-t-il dit avant de décrire l’enfance difficile de Malik, entre un père algérien éboueur à Paris et des grands-parents qui le récupèrent en Algérie à la mort de sa mère, à l’âge de quatre ans. Mais il a estimé que la peine requise serait juste pour son client.

Pour Caroline Mécary, leur avocate, les deux victimes étaient à l’audience pour comprendre « comment il était encore possible, en 2014, d’agresser quelqu’un non pour ce qu’il a fait mais pour ce qu’il est ». Chacun des coups assénés « disait +non vous n’avez pas le droit d’être gay, vous n’avez pas le droit d’être amoureux, vous n’avez pas le droit d’être ici+ », a-t-elle plaidé. Les deux agresseurs présumés se sont excusés, tout comme le troisième prévenu, qui avait pourtant nié jusque-là être présent lors de l’agression. Un quatrième homme, mineur au moment des faits, comparaîtra devant un juge des enfants.