Homophobie et violence en milieu scolaire: nous avons déjà accompagné 358 collégiens et lycéens

358 collégiens et lycéens ont contacté la ligne nationale d’écoute de l’association au cours de ces deux premiers mois de l’année 2013.

Agés de 14 à 18 ans, ces adolescents témoignent tous d’un mal-être inquiétant, conséquence de l’isolement auquel ils sont confrontés et des insultes et moqueries qu’ils subissent au quotidien.
« J’ai l’impression de ne pas être moi-même » témoigne le jeune Cyril, 17 ans, qui fait face à la banalisation des propos homophobes dans son lycée d’Ile-de-France en s’inventant une double vie et en adoptant lui-même des propos homophobes.

Le cas de Cyril est loin d’être isolé : la part des appels provenant de jeunes collégiens et lycéens est passée de 15% en 2012 à plus de 40% en 2013, soit 358 appels sur 817 en 2013.

Ce chiffre alarmant est révélateur d’une stigmatisation récurrente et d’un harcèlement croissant en milieu scolaire.

Ainsi, le mal-être grandissant de ces jeunes et la mauvaise estime qu’ils ont d’eux-mêmes conduit inexorablement au suicide. La prévalence du suicide chez les jeunes homosexuel(le)s est alarmante : de 7 à 13 fois plus élevée.

L’association est sollicitée, sur tout le territoire, par de nombreux responsables d’établissements scolaires qui, dans une démarche positive, souhaitent mettre en place des interventions en milieu scolaire.

Intervenant cette semaine dans un lycée de Créteil, Frédéric GAL, le directeur général de l’association constate au quotidien combien les jeunes sont pétris de préjugés :
« Pour soigner un homo, le mieux est de le sortir en boite avec des gonzesses », entendue dans un lycée de Montpellier, ces mots témoignent de la dureté du terrain et de la nécessité d’actions de sensibilisation.

Le milieu éducatif également doit être formé à la détection de cette violence et à l’écoute des jeunes victimes.

« Chez les maçons il n’y a pas d’homosexuels ». Cette phrase formulée par la professeure principale d’une classe de section maçonnerie d’un lycée professionnel met en exergue l’ignorance d’une grande partie du corps éducatif et de la lourdeur des préjugés qui font le lit d’une homophobie latente.

Au Refuge, nous accueillons de nombreux adolescents encore scolarisés mais craintifs d’affronter le regard de leurs pairs. Cela les place d’emblée en situation d’échec scolaire et met en lumière la défaillance de l’Education Nationale.
L’Ecole, censée être un lieu d’intégration devient un lieu de rejet. Quand un adolescent se met volontaire en échec scolaire par anticipation de représailles par ses pairs, c’est tout un système qui s’écroule.

Une lueur d’espoir : le professeur Eric Debarbieux, coordonnateur de la délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire a promis de nouvelles mesures pour lutter contre l’homophobie à l’école et le mal-être qui en découle.

Une telle initiative de santé publique ne peut qu’être encouragée tant la tâche est grande.

Nicolas Noguier

Président-fondateur de l’association nationale Le Refuge

source:huffingtonpost.fr/