Homophobie – Narbonne : Pousser la porte du refuge, c’est prendre le risque d’être stigmatisé !

La permanence du « Refuge » est ouverte depuis une vingtaine de minutes. Deux femmes poussent déjà la porte du local, situé dans une ruelle perpendiculaire à la rue droite. Deux jeunes en questionnement sur leur identité sexuelle ? Pas cette fois encore. « Juste » deux futurs bénévoles.

Caroline l’avoue : depuis l’ouverture de la permanence hebdomadaire de l’association le refuge à Narbonne, en mars 2012, personne n’est venu trouver une oreille attentive. Une raison à cela, selon la bénévole originaire de Toulouse : « … à Narbonne, c’est compliqué. L’esprit village est très prégnant. Les gens se connaissent beaucoup. Pousser la porte du refuge, c’est prendre le risque d’être stigmatisé ».
L’association montpelliéraine c’était pourtant installée dans l’Aude, après avoir ouvert des locaux à Paris, Lyon, Marseille, pour répondre aux demandes émanant d’un département « où il y a beaucoup de villages isolés », et où vivre son homosexualité n’est pas toujours évident. Et accepté. « Une jeune fille, un jour, a appelé. On lui a donné notre adresse. Elle nous a répondu que si quelqu’un la voyait, elle serait en danger de mort. Elle n’est jamais venue… »

A l’inverse, très présent sur les réseaux sociaux

LE-REFUGE-NARBONNEL’antenne Narbonnaise a donc envahi la « toile » pour faciliter le contact avec la jeunesse Narbonnaise. Avec succès, sur sa page Facebook, les conversations défilent entre les bénévoles et les jeunes en demande. Travailleuse sociale dans un collège, Caroline se connecte dès qu’elle le peut pour dialoguer en direct.
Une autre forme d’écoute : « on est pas là pour donner des réponses, mais plutôt pour leur renvoyer leurs questions, afin qu’ils prennent conscience de ce qu’ils sont ».
En appelant le numéro d’urgence du refuge, les jeunes seront également orientés sur des bénévoles Narbonnais. Jusqu’à ce que l’un d’eux fasse la démarche de venir au local. Ce dont ne désespère pas Caroline qui réfléchit avec sa collègue Virginia, à la manière de rendre les lieux encore plus conviviaux.
Pour se faire connaître, l’antenne avait participé, en septembre dernier, au forum des associations. Une démarche à double tranchant. Être connu du grand public, c’est aussi être encore plus facilement « étiqueté » une fois vu en train d’entrer dans la permanence. « Effectivement… C’est pourquoi on cherche à se faire connaître, mais surtout des structures susceptibles d’orienter les jeunes vers nous, et des lieux où ils ont l’habitude de sortir ».
Ce qui n’est pas gagné. La dernière fois que Caroline est entré dans un bar de noctambules pour demander si elle pouvait laisser des dépliants à disposition, la femme derrière le comptoir l’a regardée avec des yeux ronds, « comme si j’étais une extraterrestre ».
Marie Pintado

Encore une fois, nous vous rappelons que vous pouvez également soutenir l’association directement en ligne, ou participer en tant que bénévoles et partager cette info pour mobiliser nos politiques à la nécessité d’intervenir. Le Refuge prend la responsabilité d’aider ces jeunes fragilisés et ils ont en charge plusieurs appartements, avec les suivis médical, psychologiques, les interventions de proximités… c’est une urgence !