La Première ministre d’Écosse et leader du parti SNP, Nicola Sturgeon, a présenté, ce 7 novembre, des excuses à tous les hommes condamnés par le passé pour leur homosexualité, reconnaissant pleinement les « torts de l’Etat ».
« Ces lois discriminatoires, bien qu’abolies, continuent d’avoir de nos jours des répercussions pour ces personnes », « je demande pardon, de manière catégorique, sans équivoque et sans réserve pour ces lois, la souffrance et le mal qu’elles ont représenté », a déclaré Mme Sturgeon, regrettant des décennies d’injustice soutenues ou tout au moins tolérées par les législateurs.
L’Écosse a dépénalisé « les actes homosexuels consentis » entre hommes âgés de plus de 21 ans en 1981, et unifié la majorité sexuelle en 2001. Gays et bisexuels ont été jusque-là poursuivis.
« Ces lois criminalisaient le fait d’aimer un autre adulte, et ont dissuadé des personnes dans leur honnêteté à révéler leur identité. Elles ont encouragé plutôt que freiner la haine et l’homophobie. J’espère que ces excuses et notre nouvelle législation apporterons un peu de réconfort aux victimes », a encore insisté Nicola Sturgeon, qui s’exprimait depuis le parlement d’Édimbourg.
La loi d’amnistie écossaise appliquera une grâce rétroactive automatique, reconnaissant ainsi « l’illicéité et la discrimination des condamnations antérieures pour certains délits sexuels historiques », offrant en outre un processus légal pour que ces mêmes condamnations soient ignorées. Mais aucune indemnité n’a été évoquée.
En janvier, le gouvernement britannique a adopté une loi similaire, en hommage à Alan Turing, gracié à titre posthume par la reine Elizabeth en 2013. Pionnier de l’informatique, dont les travaux auront notamment permis de casser les codes de la machine Enigma, utilisée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait pourtant été condamné en 1952 pour « outrage aux bonnes mœurs » en raison de son homosexualité. Contraint à la castration chimique pour éviter la prison, il est mort en 1954 à l’âge de 41 ans, empoisonné au cyanure, sans que la thèse du suicide n’ait été formellement prouvée.
Mathieu Mercuri
stophomophobie.com