En Juillet 2023, la deuxième plus grande librairie hongroise, Lira, a été condamnée à une amende record de près de 32 000 euros pour infraction à la loi de 2021 réprimant « la représentation ou la promotion de l’homosexualité et du changement de genre » auprès des mineurs.
L’enseigne était accusée d’avoir vendu, « sans message de prévention ni emballage », des livres jugés « sensibles », car « au contenu LGBT », notamment Heartstopper, de la Britannique Alice Oseman, narrant l’amour de deux jeunes hommes, Nick et Charlie.
Lira a contesté la sanction, pointant une formulation trop vague de la loi, dont une « virgule manquante » dans le texte qui en altérait sa compréhension et son application.
Ce jeudi 8 février, un tribunal de Budapest lui a donné raison et a annulé l’amende, estimant que les autorités avaient « mal interprété » la législation qui, « selon les règles grammaticales du Hongrois », exigeait de ne sceller que les livres « vendus séparément d’autres produits ».
Krisztian Nyary, auteur et directeur également de création chez Lira, a salué la décision mais la loi demeurant incertaine, voire contradictoire, il craint d’autres affaires similaires et complications pour les éditeurs et l’industrie du livre.
Des musées ont aussi exprimé des difficultés à appliquer la mesure et interdire l’accès des mineurs aux salles, ne pouvant contrôler les pièces d’identité. En novembre 2023, Laszlo Simon, le directeur du Musée national, a ainsi été licencié pour « manquement » à son devoir, après une exposition de photos primées sur une communauté LGBT+ des Philippines, mais dénoncées par l’extrême droite. Ancien député du parti Fidesz de Viktor Orban, il avait pourtant voté pour la loi.