Comme chaque année, dans le cadre de la journée internationale de lutte contre les LGBT+phobies, la Mairie de Paris a organisé ce 17 mai une cérémonie en hommage aux personnes victimes de LGBT+phobies en France et dans le monde, une remise du prix international pour les droits, et une conférence sur l’état des lieux des LGBTphobies en Afrique, intitulée « Au-delà des frontières ».
Parmi les intervenants figuraient Salma Alaoui (Trans Dynamics Morocco), Daniel Assongba (Hirondelle Club International), Jean-Marc Berthon (Ambassadeur français pour les droits LGBTQIA+), Fatma Hamdoun (membre d’ANKH), Inès Sanoussi (co-présidente de SHAMS France), Pepe Julian Onziema (avocat de Sexual Minorities Uganda) ainsi que Christophe Rouger (membre du conseil d’administration de l’ARDHIS), sous l’égide de Laura Thouny (co-présidente de l’Association des Journalistes LGBTQIA+) en modératrice. L’événement était coprésidé par Halba DIOUF, athlète de haut niveau et femme transgenre, et Patrick DESMARAIS, président de la Fondation Émergence.
Après une introduction assuré par l’imam Ludovic Mohamed Zahed, concernant la tension qui existe entre l’origine coloniale de l’homophobie et ses racines endogènes actuelles en Afrique du Nord, dans le cadre d’une affirmation identitaire post-coloniale panarabiste, les débats ont tourné autour des migrations des personnes LGBT+ persécutées, en tant que manifestation d’une crise humanitaire silencieuse et conséquence de la criminalisation de l’homosexualité et de la transidentité dans nombre de pays africains.
Tour à tour les panélistes ont pris la parole pour parler des menaces qui pèsent sur les défenseurs des droits humains, de la mise en place des refuges en Afrique et du plaidoyer en faveur des personnes LGBT+ migrantes aussi bien en Afrique dans les pays tiers – où restent la majorité des personnes africaines concernées – qu’en France.
Ils ont tous insisté sur la mise en place de solution en Afrique même, tout en invitant à capitaliser sur l’expérience des diasporas, en vue de favoriser l’accueil des réfugiés qui arrivent en Europe, notamment en termes d’interculturalité ou pour l’accompagnement auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), « quand on sait qu’on a affaire à un public qui n’a pas eu l’habitude de s’exprimer avec dicibilité autour de son orientation amoureuse », dixit Christophe Rouger.
De son côté Jean-Marc Berthon a tenu à rappeler à court et moyen-long terme le rôle des coalitions internationales en faveur des droits des personnes LGBT+ en s’associant dans les grandes instances onusiennes à des pays du Sud Global, tels que le Brésil ou l’Afrique du Sud, en soulignant le rôle clef des mécanismes de l’Examen Périodique Universel du Conseil des Droits de L’Homme, afin de surveiller les progrès ou les régressions des États du monde, en matière de liberté.
Enfin s’en est suivie la 7ème cérémonie de remise du prix international de Paris pour les droits LGBTQIA+, avec Jean-Luc Romero-Michel, adjoint d’Anne Hidalgo en charge de la lutte contre les discriminations et Emmanuel Grégoire, premier adjoint qui remplaçait madame le maire. Cette année, la cérémonie était présidée par Halba Diouf, une sprinteuse transgenre et Patrick Desmarais, le président de la fondation Émergence au Québec :
- La Bangkok Pride a reçu le prix international au titre de ses efforts pour permettre la légalisation du mariage entre couple de même genre en Thaïlande.
- Shams France a reçu le prix francophone au titre de son soutien depuis 8 ans auprès des personnes LGBTQIA+ d’origine maghrébine, notamment celles qui vivent avec le VIH/sida et qui immigrent en France.
- Pour finir, Jérémy Clamy-Edroux a reçu le prix national après avoir fait son coming-out lors d’un documentaire en 2021, en tant que premier rugbyman professionnel français a parlé ouvertement de son homosexualité. C’est aussi le premier sportif noir français d’origine afro-antillaise et guadeloupéenne, à le faire.
Le reste de la soirée enfiévrée a été rythmé par le Bal de l’amour sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris.