Des centaines de manifestants ont défilé ce dimanche 12 novembre dans la capitale indienne pour célébrer la 10ème édition de la Marche des Fiertés Delhiite, mais également défier toute une nation qui continue de criminaliser l’amour, scandaient les slogans.
Depuis 2013, sous la pression des organisations religieuses, la Cour suprême indienne a réinstauré l’« article 377 » du Code pénal, hérité de la colonisation britannique et qui punit de dix années de prison les relations charnelles « contre l’ordre naturel ».
En 2009, la cour d’appel de Delhi avait jugé le texte inapplicable en vertu des droits fondamentaux et de la dignité humaine, estimant qu’interdire les relations homosexuelles consenties entre adultes était un « acte liberticide » et « contraire à la Constitution ». En février 2016, la Haute Cour a toutefois consenti à réexaminer sa décision.
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— Karnika Kohli (@KarnikaKohli) 12 novembre 2017
En attendant, si les condamnations sont rares, la communauté est marginalisée, harcelée, notamment par la police qui menace et extorque leurs victimes, les viols et meurtres dits « d’honneur » se multiplient et aucune législation ne vient sanctionner ces crimes haineux.
« J’ai bénéficié d’une éducation plutôt élitiste et mon niveau dans la société me permet de m’assumer en tant que personne LGBT. Mais c’est beaucoup plus difficile pour les moins « privilégiés » », s’insurge Manak Matiyani, coorganisateur de l’événement. « Nous luttons pour les droits de tous à vivre en tant que citoyens égaux. »
Et parmi les revendications, la mise en œuvre effective du jugement de la Cour suprême qui a déclaré, en août cette année, que « le respect de la vie privée est un droit inaliénable ».
En reconnaissant, et à l’unanimité de ses neuf juges, le caractère fondamental et « naturel » du droit à la vie privée au motif que « vivre sa vie dans la dignité est essentiel pour que l’être humain jouisse des libertés, lesquelles forment la pierre angulaire de la Constitution », la plus haute juridiction a en effet ouvert la voie à une dépénalisation de l’homosexualité, dans la mesure où la section 377 du Code pénal « viole le droit à la vie privée d’un citoyen ».
La Cour a d’ailleurs estimé cette fois que « la discrimination contre un individu sur la base de son orientation sexuelle » était « une atteinte profonde à la dignité et au respect de l’individu ».
Anne V. Besnard
stophomophobie.com