La police kényane a ouvert une enquête après le meurtre du créateur de mode et militant LGBT+ Edwin Chiloba, 25 ans, dont le corps a été retrouvé ce mercredi 4 décembre dans une malle abandonnée sur le bord d’une route du comté de Uasin Gishu, à une quarantaine de kilomètres de la ville d’Eldoret, dans la vallée du Rift, à l’ouest du pays. Le jeune homme s’y était installé en 2019 pour continuer ses études de design. Il aurait été « étranglé » après avoir été « torturé ».
C’est un passant, conducteur de moto-taxi, qui a alerté la police, déclarant avoir aperçu un véhicule sans immatriculation avec des personnes qui déchargeaient un coffre en métal sur la voie publique.
Un suspect, ancien ami de la victime, a été interpellé. Mais si les enquêteurs restent dubitatifs sur le mobile, pour les proches d’Edwin, son meurtre est lié à ses engagements, qu’il transposait jusque dans ses créations, comme en témoigne ses proches, qui ont mis une pétition en ligne. Il avait déjà été agressé plusieurs fois.
« Il était particulièrement actif ces dernières semaines » et « utilisait la mode pour déconstruire le genre et promouvoir les droits de notre communauté marginalisée », a réagi Becky Mududa, qui gère un collectif local féministe LGBTQ, soutenu par Edwin. « C’était un être humain extraordinaire, audacieux, passionné, son énergie était immaculée », a également écrit son amie, Njeri Wa Migwi. Fondatrice de l’association Usikimye, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Homophobie d’Etat !
En dépit des efforts déployés, notamment en 2019 auprès de la Haute Cour, pour abroger les sections 162 à 165 du code pénal, qui depuis la colonisation britannique criminalisent les relations sexuelles entre personnes de même sexe, elles restent passibles de peines allant jusqu’à 14 ans d’emprisonnement au Kenya. La justice n’estime pas qu’il soit contraire à la Constitution de persécuter le homosexuels, jugeant au contraire « que la loi prévient ainsi toute tentative de cohabitation ou légalisation des unions ». Mais si elle n’est pas non plus systématiquement appliquée, elle encourage néanmoins l’hostilité envers les LGBT+, dans ce pays d’Afrique de l’Est, majoritairement chrétien et conservateur.
Edwin Chiloba est le quatrième militant assassiné au Kenya ces deux dernières années.
En mai 2022, c’était le corps de Sheila Lumumba, 25 ans, lesbienne, non-binaire, qui était découvert gisant dans une marre de sang. Elle avait été violée, tabassée et achevée de multiples coups de couteau, au niveau de la poitrine surtout. En août 2021, c’était la dépouille de la militante transgenre, Erica Chandra, de l’organisation LGBT+ JINSiANGU, qui était exhumée d’un fossé, pas très loin du quartier huppé de Westlands. Trois mois avant, Joash Mosoti, défenseurs des droits humains et membre d’HAPA KENYA, qui œuvre contre le VIH/sida, était retrouvé mort, lui aussi torturé et étranglé à son domicile.
Please stop sharing the pictures of Edwin Kiprotich Chiloba’s lifeless body next to the metal box his body had been stuffed in. Remember him for the iconic fashion designer & fun loving person he was. pic.twitter.com/s4ciMTqd5Q
— Sina Source (@ChichiKoech) January 6, 2023
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His Name is Edwin Chiloba,he was murdered brutally.We won’t be silenced for being our authentic self.Comrade May you Rest In Power and May Your blood hunt those who did this. #justiceforedwinchiloba #QueerLivesMatter pic.twitter.com/zbFSAPQ6th
— 🏳️🌈REPEAL162🏳️🌈 (@ChemiatStephen) January 6, 2023