Aux manettes du gouvernement depuis juin, Ana Brnabic, 41 ans, sera le premier chef d’un gouvernement du pays balkanique à participer à une Marche des fiertés.
« Le geste est fort symbolique » dans ce pays traditionaliste qui négocie son adhésion à l’Union européenne, mais les militants LGBT attendent surtout des actions en faveur de leurs revendications, l’adoption d’une loi notamment sur le partenariat entre personnes du même sexe.
Les préjugés sur les homosexuels restent un problème très répandu dans ce pays d’environ 7 millions d’habitants, majoritairement chrétiens orthodoxes. Selon un sondage de 2015, de l’Institut national démocratique basé à Washington, près de 40% de la population serbe estimerait ainsi que « l’homosexualité est une maladie ».
Quelque 3.000 personnes sont pourtant attendues au défilé, qui sera encadré par quelque 2.000 policiers, soit moins de la moitié des effectifs engagés l’année précédente, a précisé à l’AFP un des organisateurs, Goran Miletic. « Un pas en avant positif ».
Les trois dernières marches se sont en effet déroulées sans incident, mais avec une très forte présence policière.
Lors de la première Pride de Belgrade, organisée en 2001, la police avait tiré des coups de semonce pour disperser des nationalistes et des skinheads qui ont battu et caillassé des participants.
Une autre avait été autorisée par les autorités en 2010 mais elle a été entachée de violences opposant des manifestants anti-gays et les forces de l’ordre, faisant plus de 100 blessés. Le défilé n’avait pas eu lieu les trois années suivantes.
Proposée à la tête du gouvernement par son prédécesseur devenu président, Aleksandar Vucic, un ultranationaliste converti au centre droit et au rapprochement avec l’UE, Ana Brnabic est l’une des rares personnes ouvertement homosexuelles à la tête d’un exécutif dans le monde et la première en Europe de l’est.
Les militants LGBTI sont néanmoins hésitants à qualifier son ascension politique de victoire dans la lutte pour leur cause. Les sceptiques perçoivent ce choix comme un geste de séduction envers l’UE.
« Je ne sais pas ce qui est le plus absurde » a rétorqué Ana Brnabic vendredi intervenant à Belgrade à une conférence sur les crimes motivés par la haine. « Que j’entende que je ne suis pas apte à diriger le gouvernement en raison de mon orientation sexuelle ou qu’au contraire j’ai hérité de ce poste uniquement en raison de mon orientation sexuelle ? La diversité et la tolérance ne doivent pas être réduites à la reconnaissance et à l’appréciation des membres de la communauté LGBT, mais inclure les autres groupes minoritaires aussi », a-t-elle ajouté.