>> Un texte consensuel, qui n’est pas du goût de la Fondation Lejeune : Les anti-IVG à l’assaut des boîtes mail des députés.
C’est un mail type d’une vingtaine de lignes que les députés de l’opposition reçoivent à la chaîne depuis quelques jours. A chaque fois, l’expéditeur prévient les élus de droite, du centre et d’extrême droite qu’il «ne comprendrait pas qu’un représentant de la nation célèbre comme un droit l’atteinte à la vie humaine». A quelques jours de l’examen à l’Assemblée d’une proposition de résolution qui «réaffirme l’importance du droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse pour toutes les femmes, en France, en Europe et dans le monde», les militants anti-IVG activent leurs réseaux.
Le modèle de lettre a été suggéré par la Fondation Lejeune, lobby anti-avortement. Un prêtre, contacté par Libération, dit l’avoir reçu par mail, accompagné d’une liste des contacts des députés de l’opposition, et avoir été invité à leur faire suivre cet argumentaire clés en main. Le texte circule aussi sur le web, notamment sur le blog Le Salon beige, tenu par des catholiques traditionalistes. «Pour vous mobiliser par mail, une trame de texte est proposée ci-dessous, que vous pouvez copier-coller et envoyer aux députés», incite Le Salon beige.
La proposition de résolution déposée par la socialiste Catherine Coutelle a été signée par tous les présidents de groupe, y compris l’UDI Philippe Vigier et l’UMP Christian Jacob. Sans valeur contraignante, le texte, qui sera débattu mercredi, pour l’anniversaire de l’ouverture des débats sur la loi de Simone Veil, le 26 novembre 1974, rappelle «le droit universel des femmes à disposer librement de leur corps» et à «prendre librement des décisions autonomes sur sa santé».
Les anti-IVG reprochent à cette proposition de résolution d’«énoncer deux contre-vérités». «L’IVG serait « un droit fondamental », ce qui est juridiquement faux», estiment les auteurs du mail, qui contestent aussi le «droit universel des femmes à disposer de leur corps». «Un tel droit n’est inscrit dans aucun texte national ou international», avancent les opposants à l’avortement. Qui font pression sur les députés pour qu’ils ne votent pas «un texte erroné sur le plan juridique» et concluent leur courrier par un «je compte sur vous».
Le groupe UMP devrait a priori voter la résolution mercredi. En début d’année, certains députés de droite étaient montés au créneau contre un amendement qui supprimait la notion de détresse pour une femme voulant demander une IVG, lors de l’examen du projet de loi sur l’égalité hommes-femmes. Mais au groupe, on assure qu’aucun de ses membres ne va jusqu’à remettre en cause le bien-fondé de la loi Veil.