La marche des fiertés homosexuelles d’Istanbul 2014 était d’une tonalité très politique, un an après la fronde contre le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan qui a agité la Turquie.
>> Turkey : Tens of thousands take to the streets in Istanbul’s Gay Pride parade
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé dimanche à Istanbul à la marche des fiertés homosexuelles, d’une tonalité très politique, un an après la fronde contre le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan qui a agité la Turquie.
Réunies à l’appel des associations de défense des lesbiennes, gays, bi et transexuels (LGBT), les manifestants ont envahi l’avenue Istiklal, la grande artère piétonne de cette mégapole turque, et y ont défilé pendant deux heures sous une forêt de drapeaux arc-en-ciel et la stricte surveillance de nombreux policiers.
Comme à chaque Gay Pride, une partie de la foule est d’abord venue affirmer son droit à la différence.
«Je n’ai pas fait mon +coming out+ auprès de mon père, ni de ma mère, ni de mes amis», a déclaré à l’AFP une manifestante, Senef Cakmak, «aujourd’hui, c’est la seule fois de l’année que je suis moi-même, que je ne le cache à personne et que je peux revendiquer mon droit le plus naturel».
A l’inverse de ce qui se passe dans de nombreux pays musulmans, l’homosexualité n’est pas pénalement réprimée en Turquie, mais l’homophobie y est largement répandue et souvent accompagnée de violences.
En 2010, la ministre de la Famille et de la Femme Aliye Selma Kavaf, membre du parti de M. Erdogan, avait qualifié l’homosexualité de «maladie» devant être «soignée», suscitant un tollé parmi les militants homosexuels.
«Nous devons nous battre et enseigner en permanence la tolérance à notre société (…) contre le mode de vie et les règles qui nous sont imposées», a expliqué Michelle Demishevich, une journaliste transsexuelle turque qui a récemment obtenu la condamnation d’une femme qui l’avait agressée, une première dans ce pays.
Opposition à Erdogan
Au-delà de la question des minorités sexuelles, de nombreux manifestants ont aussi défilé contre M. Erdogan, au pouvoir depuis 2003.
Les associations LGBT ont occupé le devant de la scène au moment des émeutes de Gezi en juin 2013, pour dénoncer la dérive «autoritaire» et «islamiste» du chef du gouvernement.
«En Turquie, nous avons tous des problèmes pour exercer nos droits. L’homosexualité est quelque chose de commun et de normal ici. Mais, dans ce pays, toutes les différences sont difficiles à montrer et à faire accepter», a indiqué un des participants à la Gay Pride, Aykut Yanak, «c’est pour ça que nous devons nous battre et que nous marchons tous ensemble aujourd’hui».
M. Erdogan doit annoncer mardi sa candidature à l’élection présidentielle des 10 et 24 août, qu’il a de sérieuses chances de gagner.
>> Turkey’s LGBT (lesbian, gay, bisexual, transgender) community turned out in droves on Istanbul’s main pedestrian street, Istiklal Avenue, for this year’s gay pride parade. Police were on the scene to intervene in the event of violence, but the march remained peaceful.
Participants waved rainbow flags and carried signs calling for an end to homophobia in the Muslim country. « Love knows no gender, » « Another kind of family is possible, » and « Stop homophobia, » some of the signs read.
« In Turkey, we all have difficulty exercising our rights, » one participant, identified by AFP news agency as Aykut Yanak, said. « This is why we must fight and why we all walk together today. »
Homosexuality is not illegal in Turkey. However, homophobia remains firmly in place among the Middle Eastern country’s deeply conservative population.
In 2010, Prime Minister Recep Tayyip Erdogan’s Minister for Family and Women, Selma Aliye Kavaf, called it a « disease » that « needs to be treated. »
The parade drew criticism from Islamists on Twitter on Sunday, according to news agency DPA. They reportedly took issue with both the fact that the government allowed the LGBT community to hold its event and that the parade coincided with the start of the Muslim holy month of Ramadan.
Istanbul has seen a sharp increase in mass protests within the past year, first sparked last summer by violent crackdowns on anti-government demonstrators. The sharp backlash from the government against the public angered many across Turkey, who then took to the streets in protest against the prime minister’s heavy-handed rule.
AFP