En octobre 2021, le Pape François entamait sa grande réforme de l’Eglise catholique, avec un « synode sur la synodalité », une consultation participative, rassemblant les aspirations des fidèles également, qui se conclura au Vatican en octobre 2023. En prévision, cinquante prêtres italiens ont ainsi adressé en septembre dernier une lettre ouverte à l’archidiocèse de Bologne pour faire leur coming-out et dénoncer « l’homophobie intériorisée » de leur hiérarchie qui, en dépit de leur vocation, affecte profondément leur moral et santé mentale. Intitulé « De tout mon cœur », le texte a été relayé fin novembre sur le site Domani.
« L’Eglise n’a que mépris et des mots assassins nous concernant. Et on les entend constamment dans les séminaires. C’est pourtant bien là qu’il faudrait commencer. Car c’est dans la formation des jeunes prêtres que le caractère réfractaire de l’institution ecclésiastique provoque le désaccord intérieur », écrivent les signataires.
« Isolés », ils manquent de quiétude, contraints à prôner l’homophobie ou se restreindre au silence « pour survivre ». « Nous ne pouvons en parler à personne, ni eu sein de notre famille, ni même avec nos amis ou d’autres prêtres et laïcs engagés. Pourtant nous recevons leurs confidences. Mais l’Église n’est pas un contexte dans lequel trouver une acceptation immédiate », déplorent-ils, assurant vivre « un douloureux déchirement entre le principe de la création et la doctrine de l’Eglise : être tels que Dieu nous a créés ou y renoncer au nom d’une spiritualité hypocrite, aux effets dévastateurs. Beaucoup d’entre-nous ont été en proie à la culpabilité et beaucoup ont quitté la vie sacerdotale et, dans certains cas, se sont suicidés. Une terrible tentation qui nous guette ».
Pour ces prêtres homosexuels, la réforme engagée par le Pape sur le fonctionnement de l’Église est donc l’occasion d’une libération de la parole. Ils rappellent aussi que depuis 2016, un guide réactualisé sur leur formation, la « Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis », stipule que l’accès au sacerdoce est interdit à « ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu’on appelle la culture gay ». Une initiative approuvée en 2005 par Benoît XVI qui de nouveau se fonde « sur des préjugés superficiels plutôt que nos compétences psychosociales, et nos histoires en témoignent », ajoutent-ils.
En janvier dernier, en Allemagne, 125 personnes travaillant pour l’Église avait déjà rendu publique leur orientation sexuelle, dans un documentaire diffusé sur la première chaîne de télévision nationale, et partagé en campagne avec le hashtag #OutInChurch sur les réseaux sociaux. Le « plus grand coming-out dans l’histoire de l’Église catholique » pour demander là encore le libre accès aux professions pastorales, plutôt que de subir discrimination, exclusion ou excommunication.