Le long-métrage Week-end, qui devait sortir en Italie cette semaine, pour surfer sur le récent succès du réalisateur britannique Andrew Haigh avec 45 ans, vient d’être interdit dans quelque 1.100 salles.
Jugé « scabreux », « inutilisable » et « déconseillé » par les représentants du clergé, qui forme l’essentiel du réseau des cinémas indépendants de la péninsule, le film est de fait privé de séances, alors que l’organisme de régulation gouvernementale ne l’avait affublé à l’origine que d’une interdiction aux moins de 14 ans.
Ce réseau est un héritage de l’époque, immortalisée dans le « Cinema Paradiso » de Giuseppe Tornatore, où chaque paroisse avait son cinéma et chaque prêtre du quartier faisait couper les scènes qu’il jugeait inappropriées. Désormais, ces salles sont louées par les paroisses à des gérants qui, selon Cesare Petrillo, président de Teodora, ne sont pas religieux mais doivent s’engager à suivre les directives des évêques.
« Normalement, un film comme ça aurait été diffusé par beaucoup de ces salles. Mais en fait on n’a pas pu le sortir dans des régions entières et des villes comme Florence, Bergame ou Padoue. Et la seule raison c’est que les personnages principaux sont gays », a dénoncé M. Petrillo à l’AFP.
Weekend relate en effet la relation s’esquissant entre Russell et Glen, deux jeunes homosexuels anglais se trouvant un soir pour passer les 48 heures suivantes à mieux se découvrir, sexe, discussions et stimulants divers à l’appui.
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Une affaire qui intervient alors qu’un grand débat parlementaire a eu lieu autour de l’adoption par les couples gays.
La commission de la CEI évalue tous les films sortant en Italie, approuvant la majorité mais signalant certains comme « problématiques », en invitant les exploitants à accompagner leur diffusion d’un débat sur les questions qu’ils soulèvent. Cela a ainsi été le cas récemment pour The Danish Girl, sur la pionnière transgenre Lili Elbe, ou Spotlight, sur le scandale des prêtres pédophiles à Boston.