Depuis près de 30 ans, membre de LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans) formation, il effectue un travail de prévention contre l’homophobie auprès des jeunes en Paca. Il était hier à la manifestation pour le mariage pour tous à Avignon. Et face aux derniers chiffres communiqués par l’association SOS Homophobie, confirmant une augmentation de 300 % des appels pour des agressions homophobes sur le mois de décembre 2012 par rapport à 2011, il ne se montre pas surpris. Explications.
Comment expliquez-vous cette montée de l’homophobie en France ?
Il n’y a pas de montée de l’homophobie. C’est un leurre. Le fait que le débat sur le mariage pour tous soit mis sur le devant de la scène délie les langues. Celles des gens qui sont homophobes mais également celles des gays et lesbiennes qui en ont assez de se faire agresser, ne serait-ce que verbalement. Le mariage pour tous oblige la société à se regarder dans un miroir. Pour prendre une image, c’est comme un précipité chimique. Une fois que deux produits se rencontrent, cela provoque une explosion. C’est ce que nous sommes en train de vivre.
Vous vous attendiez donc à ce genre de cristallisation des positions des pros et anti-mariage pour tous ?
Malheureusement oui. C’est une grande psychanalyse sociétale. L’homophobie existe depuis longtemps. Ce que je regrette c’est la virulence avec laquelle l’Église catholique, notamment dans le Vaucluse, attaque les homosexuels. Ils tiennent bien sûr un discours affirmant qu’ils ne veulent pas de propos homophobes dans leurs rangs. Pourtant, ils en laissent volontairement passer. C’est hypocrite. Quant aux articles parus dans le journal diocésain, c’est ordurier. J’aimerais leur demander s’ils pensent au mal qu’ils font aux jeunes homosexuels.
Pensez-vous que la France est un pays homophobe ?
Nous sommes simplement dans une société homophobe. Aussi choquant que cela puisse paraître, nous naissons tous naturellement homophobes. Rendez-vous compte que nous avons près de 1 000 ans d’histoire qui condamne ouvertement l’homosexualité. J’ai des parents très ouverts d’esprit qui viennent rencontrer notre association. Ils sont ouverts d’esprits, mais viennent d’apprendre que leurs enfants sont homosexuels et s’interrogent sur la violence de leur réaction. Ils se demandent pourquoi ils sont troublés. Nous leur disons simplement qu’il faut le temps de pleurer et le temps de s’en remettre. C’est comme ça. Regardez par exemple Christine Boutin. C’était la plus ardente anti-Pacs de la classe politique. Aujourd’hui, elle est tout de même en train de nous expliquer qu’elle est contre le mariage pour tous, mais qu’il faut étendre les droits du Pacs. Vous voyez, tout le monde évolue. Même elle !