Je m’appelle Adrien et j’ai 17ans. Je suis l’un de ces nombreux jeunes de la manif contre les homos et mes parents sont de fervents opposants.

L’association nationale Le Refuge est confrontée, depuis la médiatisation de la manifestation du 26 mai 2013, à une hausse inquiétante des appels d’adolescents angoissés. Le téléphone sonne à nouveau à un rythme troublant. Adrien qui avait envoyé un message bouleversant au Refuge, relate, par ses mots reçus le 23 mai 2013, une journée ordinaire dans sa famille.

>> Bonjour,

Je m’appelle Adrien et j’ai 17ans. J’ai besoin de conseils mais ignore à qui m’adresser et ai préféré le courriel que le sms à cause d’un long courrier.
Je suis l’un de ces nombreux jeunes de la manif contre les homos et mes parents sont de fervents opposants.

Mes parents ignorent que je suis homo.

J’ai fait la connaissance, en juillet, d’un garçon. Je vous passerai toutes les circonstances jusqu’à notre premier vrai RV en septembre. C’était la 1ère fois que je faisais le mur et je suis tjrs aussi nerveux et anxieux à chaque fois. Nous sommes restés aux environs de la maison, à discuter.
Très vite j’ai parlé de ma situation à mon copain qui m’a soutenu dès le début. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer comme je me sens détruit à chaque manif homophobe en sachant que les gens que j’ aime en font partie et qu’à chaque fois qu’ils tiennent des propos nauséabonds sur un homo c’est aussi à moi qu’ils l’adressent ! Le pire est qu’ils ne se rendent même pas compte à quel point ils me font mal, tellement persuadés que cela n’arrive qu’aux autres !

J’ai la chance d’avoir en ce moment mon copain mais notre relation est de moins bonne qualité depuis la veille de cette saleté de manif. Tout a commencé ce samedi là où l’on s’est vu, il voulait qu’on aille chez lui. J’ai refusé car on en avait déjà discuté par sms et je pensais que c’était réglé : Je ne pouvais pas aller avec lui car le dimanche j’assistais (je préfère à « participais ») à ce défilé et que je ne voulais pas être trop fatigué vu que je savais que j’allais moins bien dormir le dimanche soir.
Je lui ai raconté à quel point j’avais le coeur en larmes de devoir y aller et que j’aurai effectivement préféré être avec lui la nuit qu’avec ces haineux le lendemain…

Sincèrement, avec tous les propos que j’entends depuis des mois de mes parents et autres,je n’arrive pas à extirper tout cela de ma tête. J’aime beaucoup mon copain et je sais qu’avant tous ces débuts de « manifs contre » je ne restais pas « indifférent » en pensant à lui, en étant avec lui. J’adore quand je suis avec lui car je suis vraiment ailleurs et pense à autre chose (même si ces manifs viennent parasiter nos discussions) mais j’ai honte d’en parler avec lui et peur que cela dure.

>> Malheureusement, Adrien n’est pas le seul dans ce cas. Et bien qu’ils soient un peu moins jeunes, d’autres continuent de souffrir tout autant. Nous avons eu l’occasion de pouvoir nous entretenir avec certains anciens du Refuge, et encore d’autres jeunes dans des situations absolument terrifiantes.
Le Refuge ne peut pas assumer la précarité de toutes ces personnes en fragilité psychologique sans soutien. Ils ont besoin de nous. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’association est contrainte d’organiser des événements pour pouvoir faire des appels aux dons. Ils reçoivent mais c’est pour mieux donner… Nous devons les aider.

http://www.le-refuge.org/