Ce qui devait arriver arriva. Hier, Manuel Valls a invité le représentant de l’État à Bayonne à recadrer le maire d’Arcangues… Ce dernier ayant de nouveau frappé fort en expliquant pourquoi il refuserait la célébration d’un mariage gay sur ses terres. En termes choisis, le cabinet du ministre de l’Intérieur a donc « demandé au sous-préfet de Bayonne de convoquer le maire pour lui rappeler le cadre de la loi. » Un rappel déjà effectué par le sous-préfet et qui semblait bénéfique. Mais finalement, non.
La révocation de Jean-Michel Colo n’est pas ici le sujet. Car, pour l’heure, il s’agit surtout d’une tape sur les doigts, puisque le maire dispose de six jours pour accepter une proposition décente. Proposition maintenue par les conseillères municipales Isabelle Ben Mergui et Arbella d’Arcangues (la bien-nommée). Ce duo est en effet disposé à recevoir une délégation de pouvoir du maire pour marier Jean-Michel Martin et Guy Martineau-Espel. Isabelle Ben Mergui ne comprend pas pourquoi Jean-Michel Colo et ses adjoints s’obstinent et sont « prêts à aller de recours en recours ».
« Le maire n’est pas très communicatif, explique Isabelle Ben Mergui. Jamais il ne nous a consultées. Mais aujourd’hui (hier, NDLR), nous lui avons envoyé un mail pour qu’il le fasse. Tous les sept (le maire et ses adjoints, NDLR) donnent l’impression à tout le monde de s’être enfermés. Quand le maire dit que l’on doit se soutenir au sein du Conseil, je me sens mal. Car cela serait plus facile si nous étions au courant des choses. Quant aux autres conseillers, on ne les voit pas, on ignore ce qu’ils pensent. »
N’excluant pas une démission, les deux conseillères municipales sont estomaquées. Mais Jean-Michel Colo s’en moque. « Il ne fait pas grand cas des femmes et encore moins des conseillers », glisse Isabelle Ben Mergui. Jeudi soir, Jean-Michel Colo s’est effectivement entêté. De même que ses adjoints. Et tant pis pour les éventuelles suites judiciaires.
Quelles suites ? Celles qui pourraient émaner du comité Idaho France. Lequel a annoncé hier son intention d’introduire une action en justice pour mettre fin « à la mascarade d’Arcangues », selon les termes du président d’Idaho, Alexandre Marcel. Cette procédure devrait être menée par Me Zefman, avocate au barreau de Paris, appuyée par Jean-Michel Martin et Guy Martineau-Espel.
« La circulaire du ministre de l’Intérieur […] doit être respectée », explique Alexandre Marcel, qui ne veut laisser aucun couple au bord du chemin : « Tous les homosexuels de France victimes de tels refus peuvent prendre contact avec le comité. Nous nous constituerons systématiquement partie civile. » De quoi intimider le maire d’Arcangues ? Non. « J’invoque ma clause de conscience, assène-t-il. On est obligé de respecter un maire qui a trente ans de mandat et l’estime de toute la région. »