#JMS2014 Témoignage. Pascal, séropositif : «Je ne suis plus quelqu’un de dangereux»

>> Vingt ans après le premier Sidaction, plus de 6000 personnes sont encore contaminées chaque année par le virus du sida en France. Un fléau contre lequel se bat quotidiennement Pascal, séropositif depuis 27 ans et salarié de l’association Aides. Portrait.

«A l’époque, il n’y avait pas d’espoir». Pascal a 25 ans lorsqu’il apprend sa séropositivité. Une annonce qu’il prend avec fatalisme tant le virus du sida fait des ravages autour de lui. Il en est d’ailleurs persuadé: il n’en a plus pour très longtemps. Au milieu des années 1990, la prescription de sa première trithérapie sonne comme une «mauvaise nouvelle». Le surdosage des traitements et les nombreux effets secondaires qui en découlent le contraignent à abandonner son travail dans l’hôtellerie de luxe. Il se tourne alors vers l’association Aides qui le recrute comment agent d’accueil dans un de ses centres parisiens. «Mon militantisme, c’est le moyen que j’ai trouvé pour faire quelque chose du reste de ma vie, c’était ma façon de terminer ma vie», explique-t-il, avant d’ajouter: «Mais finalement, vingt ans plus tard, je suis toujours là!».

Séropositif depuis 27 ans, Pascal s’estime aujourd’hui «en bonne santé». «A part le fait que je prends des pilules tous les jours, je vis normalement», assure-t-il tout en confiant avoir désormais une vision «beaucoup plus sereine de son avenir». Grâce à son traitement et des contrôles de santé réguliers, il sait désormais qu’il n’est plus contaminant. «J’ai une charge virale indétectable, je ne transmets plus le virus. C’est vraiment quelque chose que je ne pensais pas connaître», dit-il avec soulagement, après avoir vécu tant d’années avec la peur de contaminer les autres.

Pascal fait partie des 150.000 personnes porteuses du VIH en France. Un chiffre qui augmente chaque année, et auquel s’ajouteraient de 30 à 50.000 personnes qui seraient contaminées sans le savoir. «Une personne séropositive qui s’ignore est plus dangereuse qu’une personne qui connaît son statut sérologique et qui est traitée», explique Pascal avec véhémence. «Si ces personnes étaient traitées, le virus arrêterait de circuler», estime-t-il.

Pour lui, la première des solutions serait de répandre le test de dépistage rapide afin que chacun puisse vérifier sa sérologie régulièrement. Un message qui sera relayé lors de la journée mondiale de la lutte contre le sida, organisée chaque année le 1er décembre.

Mélanie Rostagnat