JO-2022 : les droits de l’Homme, question brûlante pour Pékin comme Almaty

La Chine et le Kazakhstan, qui sont candidats pour accueillir les jeux Olympiques d’hiver 2022, ont un autre point commun: ils sont tous deux dénoncés par plusieurs ONG pour leur « piètre bilan en matière de droits de l’Homme ».

« Quelle que soit l’issue du processus de sélection, un pays connu pour violer les droits de l’Homme sera l’hôte de ces Jeux », s’est alarmée Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales à Human Rights Watch (HRW), une semaine avant l’élection de la ville-hôte vendredi.

Selon HRW, basée à New York, les autorités chinoises et kazakhes sont « ouvertement hostiles aux médias et aux militants qui critiquent le gouvernement et s’abstiennent de protéger les libertés d’expression, de réunion et d’association, ainsi que d’autres droits humains fondamentaux ».

En Chine, plus de 130 avocats ont été arrêtés ou interrogés récemment, selon des groupes chinois de défense des droits de l’Homme.

Au Kazakhstan, « en 2013 et 2014, entre 350 et 400 plaintes ont été déposées pour dénoncer des cas de tortures et autres mauvais traitements », selon Amnesty International.

Les deux pays assurent avoir fourni des garanties au Comité international olympique, qui a renforcé ses exigences dans ce domaine. Et les rapports de la commission d’évaluation du CIO, qui s’est déplacée à la fois à Pékin et Almaty, se veulent rassurants.

« La commission est convaincue que le gouvernement du Kazakhstan prendra toutes les mesures nécessaires pour garantir le respect de la Charte olympique et du contrat ville hôte », écrit ainsi la commission.

Concernant Pékin, la commission indique que « des garanties écrites ont été fournies sur les sujets suivants: droits de l’Homme, droit à manifester, liberté des médias à couvrir le déroulement des Jeux sans restrictions sur internet, droits du travail, déplacement de personnes et protection de l’environnement ».

– Contrat –

Pour autant, souligne encore HRW, le CIO « ne dispose pas de mécanismes de supervision des droits humains destinés à évaluer dans quelle mesure un pays hôte respecte ces règles ».

Un scandale avait éclaté peu avant les JO de Sotchi avec la promulgation par Moscou d’une loi anti-gay, certains athlètes étrangers appelant même à un boycott.

En réaction, fin 2014, le CIO a adopté une série de réformes contenues dans l’Agenda 2020, qui incluent l’exigence pour les villes hôtes d’interdire notamment toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle.

« Dans le contrat signé par chaque ville est inclus le principe fondamental N.6 de la charte olympique, qui prévoit la non discrimination et la liberté des médias », a rappelé mercredi le président du CIO Thomas Bach.

A la tête du comité de candidature d’Almaty, le Premier ministre kazakh Karim Massimov a souligné mercredi devant quelques journalistes, dont l’AFP, que « le Kazakhstan est un pays où 100 ethnies et 40 confessions différentes cohabitent. Sous la direction de notre président, nous avons assuré un développement pacifique ».

« Je suis persuadé que les Jeux d’Almaty 2022 et la direction du mouvement olympique auront une influence sur le développement des droits de l’Homme dans le pays et j’agirai dans ce sens », a-t-il promis.

« S’il est normal que différents groupes soulèvent des questions autour des grands événements sportifs, nous croyons dans la capacité de la Charte olympique à protéger le pouvoir du sport des influences politiques », répondent de leur côté les responsables de Pékin 2022.

« Pékin 2022 continuera à respecter la Charte olympique et poursuivra ses efforts pour séparer le sport de la politique », ajoutent-ils.

AFP