JO de Sotchi : Offensives du monde entier pour défendre les gays malmenés en Russie

Les critiques contre une loi russe anti-gay se sont multipliées dans le monde avant les jeux Olympiques de Sotchi en février, un événement dont espèrent profiter les défenseurs des droits des minorités pour plaider la cause des homosexuels, maltraités en Russie.

Dernière initiative en date, 27 lauréats du Prix Nobel ont écrit au président russe Vladimir Poutine pour protester contre ce texte promulgué en juin dernier, punissant la « propagande » homosexuelle devant mineurs de peines d’amende et de prison.

« Nous espérons qu’en exprimant notre opposition à la nouvelle législation il soit possible d’encourager l’Etat russe à épouser les principes démocratiques, politiques et humanitaires du XXIe siècle », ont écrit les 27, en majorité des Prix Nobel de physique, chimie et médecine, ainsi que les écrivains J.M. Coetzee et Herta Müller, dans une lettre ouverte publiée le 14 janvier par le journal britannique Independant.

Le président Poutine a réaffirmé le 17 janvier que les homosexuels n’auraient rien à craindre aux JO de Sotchi: « Vous pouvez être tranquilles et détendus. Mais laissez les enfants tranquilles », a-t-il toutefois averti dans une interview à des médias russes et étrangers à Sotchi. ‘Violences homophobes’ Des défenseurs de la cause homosexuelle estiment que cette loi interdisant la « propagande » homosexuelle devant mineurs est formulée de manière imprécise et pourrait ainsi être utilisée pour interdire tout événement organisé par des gays.

Ce texte a déjà provoqué de nombreuses critiques de sportifs, d’acteurs et même de ministres de différents pays. Les plus hauts dirigeants de certains pays comme les Etats-Unis, la France ou l’Allemagne ont fait savoir qu’ils n’assisteraient pas à la cérémonie d’ouverture des Jeux le 7 février à Sotchi, ville entre les bords de la mer Noire et les montagnes du Caucase, une absence interprétée comme un signe de protestation contre les violations des droits de l’Homme en Russie.

La situation des droits de l’Homme « reste très problématique », a déploré l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans son rapport annuel présenté mardi, dénonçant notamment l’escalade des « violences homophobes » depuis l’entrée en vigueur de cette loi stigmatisant les homosexuels.

Politique de l’autruche

Une ancienne championne de tennis américaine, Martina Navratilova, a critiqué récemment la passivité dont fait preuve, selon elle, le Comité international olympique (CIO) à l’égard de la loi russe anti-gay.

L’ex-joueuse aux 18 titres du grand chelem, ouvertement lesbienne et militante de la cause homosexuelle, a reproché au CIO d’avoir adopté « la politique de l’autruche et de ne pas faire de vagues ».

De leur côté, 15 athlètes nord-américains et européens ont demandé dans une lettre au nouveau président du CIO Thomas Bach de prendre position sur cette question, estimant que la loi russe « violait clairement » la charte olympique interdisant « toute forme de discrimination ».

Le CIO a rappelé aux athlètes que toute forme de publicité ou de propagande leur était interdite, sous peine d’être disqualifiés ou exclus des Jeux. D’autres voix se sont élevées pour appeler directement au boycott des Jeux de Sotchi, tel l’acteur britannique Stephen Fry, dénonçant une loi « barbare » et « fasciste ».

L’intolérance envers les gays s’est renforcée ces dernières années en Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999. Les dirigeants russes, très sollicités sur cette question depuis le début de la controverse, assurent eux que les Jeux se dérouleront sans aucune discrimination.

Le président Poutine a ainsi assuré que la Russie faisait « tout pour que les sportifs, les spectateurs, les visiteurs se sentent bien aux jeux Olympiques, quelles que soient leur nationalité, leur appartenance ethnique ou leur orientation sexuelle ».

Mais le vice-Premier ministre Dmitri Kozak a averti que ceux qui violeraient la nouvelle loi « répondraient de leurs actes », qu’il soient « hétérosexuels ou homosexuels ».

AFP