Il avait promis une politique étrangère porteuse des « valeurs démocratiques » de l’Amérique. Dans son premier discours dédié, ce jeudi 4 février 2021, le président Biden a demandé aux agences américaines, présentes à l’étranger, de proposer dans les 180 jours un plan d’action pour faire de la défense des droits des minorités sexuelles un axe fort de leurs interventions.
« Tous les êtres humains doivent être traités avec respect et dignité et doivent pouvoir vivre sans avoir peur, peu importe qui ils sont et qui ils aiment », a-t-il ajouté dans un memorandum présidentiel dévoilé ce même jour.
Tout en annonçant une hausse spectaculaire du nombre de réfugiés qui seront accueillis aux Etats-Unis, après un tour de vis tout aussi drastique sous l’ère Trump, Joe Biden a également promis de « protéger les demandeurs d’asile LGBTQI+ ».
Un émissaire spécial va être nommé pour « renforcer encore l’attention sur ces questions », a déclaré à l’AFP un haut responsable du département d’Etat.
« La publication de ce memorandum présidentiel très complet aussi tôt en début de mandat, montre clairement qu’il s’agit d’une priorité politique pour lui », a réagi Jessica Stern, du groupe de pression OutRight Action International. Mais elle prévient que le soutien américain, pour obtenir des résultats sur le terrain, devra parfois se faire discret. « Une des manières les plus efficaces et constantes pour discréditer les personnes LGBTQI et notre mouvement, c’est de les accuser d’être des produits des Occidentaux et d’une forme de colonisation, en pointant le financement par des donateurs étrangers », met en garde Jessica Stern.
« Notre maître-mot, c’est toujours d’écouter les militants sur le terrain et de travailler avec eux sur ces sujets pour avoir leur avis sur comment avancer », a répondu le haut responsable du département d’Etat, évoquant une approche au cas par cas.
Les leçons des années Obama peuvent être utiles à l’administration Biden
L’ex-président démocrate avait coupé l’aide ou annulé le statut commercial préférentiel de l’Ouganda et de la Gambie en riposte à des lois punissant l’homosexualité de peines de prison. Mais cette ligne dure avait aussi poussé d’autres pays, comme le Nigeria, à adopter leurs propres lois draconiennes.
Pour autant, les progrès sont sensibles, bien que lents. Les relations homosexuelles sont désormais légales dans près des deux tiers des pays, et 28 d’entre eux autorisent le mariage entre personnes du même sexe, selon l’International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association.
Non seulement Donald Trump n’avait pas défendu cette cause, mais il est même revenu sur plusieurs droits acquis des personnes trans aux Etats-Unis. Son secrétaire d’Etat Mike Pompeo était un fervent chrétien évangélique qui n’a jamais caché son opposition au mariage gay et à qui ses détracteurs ont reproché des déclarations passées assimilant l’homosexualité à une « perversion ».
Il a limité les visas pour l’entrée aux Etats-Unis des partenaires de diplomates étrangers homosexuels et interdit aux ambassades américaines d’arborer le drapeau arc-en-ciel les jours de « Prides ». Cet ultraconservateur a aussi mis l’accent sur la défense des « droits inaliénables », une formule controversée dénoncée par de nombreuses associations comme une manière de restreindre le champ des droits humains en s’appuyant sur une interprétation religieuse, au détriment notamment des droits des minorités sexuelles.