Pour certains, elle « n’existe pas » et pour d’autres, elle n’est qu’un « passage », un « effet de mode »… A l’occasion ce mercredi de la journée internationale de la bisexualité, des associations dont Bi’Cause, Act Up-Paris et le MAG Jeunes LGBT ont dévoilé hier les résultats de la toute première enquête nationale consacrée aux personnes bisexuelles.
« Leur orientation sexuelle est souvent perçue comme un état intermédiaire sur lequel il n’est pas nécessaire de s’attarder », alors, pour « comprendre, analyser et dénoncer », l’enquête décortique perceptions, représentations et autres préjugés associés… afin de poser les premières bases de réflexion sur la bisexualité et la biphobie.
Pour 85% des personnes interrogées, la bisexualité est « une orientation sexuelle comme une autre ». Et 76% des répondants déclarent connaître des bi(e)s dans leur entourage.
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Tout roule pour les bi(e)s ?
C’est surtout une violence, une biphobie insidieuse qui se dégage de ces travaux. « Nous avons laissé la possibilité aux répondants de mettre des commentaires », explique Vincent Strobel, président de Bi’Cause, l’unique association française dédiée à la communauté bi : « Et même dans les plus bienveillants, des clichés sur la bisexualité étaient véhiculés. » Ils sont perçus comme « volages », « libertins ». « Instables ». « Incapables de faire un choix ».
« Le panel de l’enquête est biaisé, ce n’est pas scientifique», préviennent les membres des associations. «Nous n’avons pas réussi à toucher l’ensemble de la population. »
Sur l’ensemble des 6 017 personnes ayant répondu à l’enquête, un quart sont hétérosexuels : un taux relativement faible en comparaison de leur présence dans la population française.
« Nous avons volontairement choisi de demander l’orientation sexuelle des répondants », souligne l’enquête. « En effet, la bisexualité semble catalyser de nombreuses craintes tant du côté des hétérosexuels que des gays et lesbiennes. »
Mais les femmes et les hommes bisexuels soulèvent des clichés bien distincts : les femmes bi seraient frivoles, et leurs homologues masculins, des homosexuels qui ne s’assument pas. « Quand j’annonce à un garçon que je suis bi, immédiatement, je vais avoir droit à la proposition d’un plan à trois. Comme si le fait d’aimer les hommes et les femmes faisait de moi quelqu’un de plus ouvert, de plus dévergondée », raconte Lucie, étudiante de 25 ans et bisexuelle. Une expérience que confirme Léa, coprésidente du MAG Jeunes LGBT : « Le porno et les films X y sont probablement pour beaucoup, d’autant que ce cliché relève du fantasme pour de nombreux garçons. »
Reconnaître la bisexualité comme orientation sexuelle à part entière, c’est là tout l’enjeu de cette journée internationale.
Si 71% de personnes interrogées peuvent concevoir de tomber amoureuses d’un ou d’une bisexuel(le), elles ne sont plus que 61% à envisager de s’engager dans une relation amoureuse avec un ou une bi(e).
De quoi susciter «une réelle souffrance», observe Vincent Strobel, qui aux côtés de plusieurs autres associations, appelle à battre le pavé mercredi à Paris, en clamant bien fort : «La bisexualité existe, se manifeste, s’exprime. Ensemble, défendons-la !»
Pour participer à la « Marche pour la Journée internationale de la Bisexualité 2015 » : Rendez-vous Place de la Nation à 18h30 pour le départ 🙂
Trajet : Boulevard Philippe-Auguste, rue de Montreuil, rue des Boulets, rue Léon Frot, rue St Maur, rue des trois bornes. Arrivée et dispersion à la fontaine rue Jean-Pierre Timbaud.