Cette journée trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote au début du XXe siècle. La première manifestation internationale organisée dans ce cadre a été celle de 1910 à Copenhague par une journaliste allemande engagée dans le camp marxiste, Clara Zetkin. La France commémore officiellement cette journée depuis 1982. L’occasion de faire un bilan de la situation.
La politique en faveur des droits des femmes a largement été mise en oeuvre à partir de la fin des années soixante. Elle recouvre de nombreux aspects : droit des femmes à disposer de leur corps, droit de contrôler leur fécondité, égalité politique, égalité professionnelle, lutte contre les violences faites aux femmes. Les femmes ont acquis progressivement des droits équivalents à ceux des hommes mais, dans les faits, les inégalités persistent.
L’égalité professionnelle est ainsi reconnue comme un principe constitutionnel depuis 1946 mais la situation des femmes sur le marché de l’emploi reste plus fragile que celle des hommes (salaires inférieurs, contrats précaires…). Les femmes semblent être victimes d’une ségrégation professionnelle (les femmes en emploi sont concentrées sur certaines familles professionnelles, souvent les moins rémunératrices). En outre, pour décrire la situation des femmes sur le marché du travail, l’image du « plafond de verre » est souvent utilisée.
Elle désigne les difficultés rencontrées par les femmes pour accéder aux fonctions dirigeantes. Pour féminiser les instances dirigeantes des grandes entreprises, une loi de 2011 fixe à 40% minimum la part des femmes au sein des conseils d’administration des entreprises de plus de 500 salariés. Dans une étude de 2016, le Haut Comité à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) et le Conseil supérieur de l’égalité professionnelle (CSEP) prévoyaient que l’ensemble des entreprises ne soit pas en mesure de respecter leurs obligations légales à l’échéance de 2017.
Dans la sphère privée, des mesures ont été adoptées, notamment dans la loi du 4 août 2014 qui vise à établir l’égalité « réelle » entre les femmes et les hommes.
L’accès à l’interruption volontaire de grossesse a été facilité : la mention de situation de détresse pour être autorisé à recourir à l’IVG a été supprimée ainsi que le délai de réflexion de 7 jours qui était obligatoire avant une IVG. Une proposition de loi a été votée pour étendre le délit d’entrave à l’IVG.
Dans la vie quotidienne, malgré des campagnes d’information ou des mesures contre des images dégradantes de la femme, les conceptions stéréotypées restent vivaces : les femmes sont considérées comme les plus à même de répondre aux attentes des enfants, les tâches ménagères restent prises en charge davantage par les femmes. A l’école, les enseignants rencontrent des difficultés pour déconstruire ces stéréotypes. Le HCEfh a montré récemment que ces mêmes enseignants pouvaient aussi participer à la reproduction de ces stéréotypes et qu’il convenait de faire une large place à l’égalité filles garçons dans leur formation.
La lutte contre les violences faites aux femmes, considérées comme la manifestation la plus aigüe de l’inégalité homme femme, a encore été renforcée. Néanmoins, en 2015, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint. Une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), publiée en mars 2017, montre que les femmes restent les premières victimes de violences physiques ou sexuelles.
A Paris, un rassemblement organisé par des associations, des ONG et des syndicats s’est déroulé place de la République, suivi d’une marche jusqu’à l’opéra Garnier.