Dossier de presse : Analyse des résultats de 18 mois d’activité de dépistage rapide communautaire !
Alors que les chiffres révélés par l’Institut National de Veille Sanitaire confirment la pertinence du dépistage rapide réalisé par les associations, AIDES publie les résultats d’évaluation de son dispositif qui représente 75% de l’activité totale du dépistage associatif en France.
Des résultats qui permettent également d’appuyer nos revendications pour le déploiement d’une offre en santé sexuelle adaptée aux besoins des populations les plus vulnérables au VIH.
Autre sujet sur lequel AIDES s’est particulièrement investie : la PrEP (Prophylaxie Pré-exposition) ou la possibilité pour une personne séronégative de suivre un traitement antirétroviral pour éviter une contamination.
Suite au succès de l’essai IPERGAY et dans le prolongement de sa demande urgente d’une recommandation temporaire d’utilisation, AIDES publie les résultats de FLASH PrEP. Cette enquête nationale, première en son genre, permet d’évaluer la connaissance et les besoins exprimés d’accès à la PrEP, toutes populations confondues.
>> FLASH PREP : Selon l’enquête exclusive menée par AIDES auprès de 3000 personnes, l’ensemble des populations vulnérables demandent l’accès au traitement préventif !
En France, contrairement à d’autres pays, l’utilisation préventive d’un traitement anti-VIH par des personnes séronégatives n’est pas autorisée. Cette nouvelle stratégie de prévention s’appelle la prophylaxie pré-exposition, autrement dit la PrEP.
Jusqu’à présent, il n’existait pas de données en France sur les caractéristiques (genre, âge, pratiques, etc.) des personnes qui seraient potentiellement intéressées par cette outil et qui, si cela était disponible, auraient l’intention d’en bénéficier dans le cadre d’une offre globale de prévention (accompagnement, dépistages réguliers, conseil).
Un questionnaire anonyme papier a été présenté aux personnes dépistées par AIDES (femmes, HSH, migrants etc.), en métropole et dans les DFA (Guyane, St Martin, Martinique) du 31 mars au 13 avril 2014. Il a également été mis en ligne pendant tout le mois de mai 2014, diffusé sur les réseaux sociaux, et plusieurs sites internet (Yagg, CitéGay, XtremBoy, Gayvox, Seronet, SIS, blogs, site AIDES).
Les premiers résultats montrent que peu de personnes connaissaient l’outil avant l’enquête : 17,8 % des femmes, 32,50 % des hommes hétérosexuels et 46 % des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) en avaient déjà entendu parler avant de remplir le questionnaire.
En revanche, une forte proportion de personnes sont intéressées par la PrEP : 36,4 % des femmes, 45,8 % des hommes hétéro et 62,1 % des HSH ayant répondu à l’enquête.
Quand on demande aux personnes si elles seraient intéressées par une Prep offerte dans le cadre d’une offre de prévention plus large, on constate que plus de 80 % d’entre-elles, quelle que soit la population, auraient l’intention d’entrer dans ce type de dispositif (même si une partie souhaiterait avoir des informations plus détaillées).
Ces premières analyses indiquent donc que la PrEP intéresse des publics très divers : femmes et hommes hétéros, HSH, travailleurs/euses du sexe… La prophylaxie pré-exposition est donc un outil prometteur pour les populations les plus vulnérables au VIH! On est loin des représentations « classiques » faisant de la Prep un outil de confort pour faciliter les prises de risque des homosexuels socialement favorisés !
FLASH PREP en détail : Acceptabilité et volonté d’utiliser la Prep.
Enquête exclusive menée par AIDES auprès de 3000 personnes
L’enquête Flash PrEP avait pour objectif de renseigner les intentions d’usage d’une PrEP en continu. Plus précisément, il s’agissait d’obtenir des informations sur le nombre et les caractéristiques des personnes séronégatives rencontrées à AIDES qui connaissent, qui seraient intéressées et qui auraient l’intention d’utiliser la PrEP.
3 024 personnes ont répondu : 928 personnes pour la version papier (41,3 % avant le dépistage et 51,7 % après le dépistage) et 2 096 personnes pour la version en ligne.
Connaissance : 68,5 % des répondants ne connaissaient pas la PrEP avant de remplir le questionnaire. De l’échantillon total, seulement 19,7 % des HSH, 5,7 % des hommes hétérosexuels et 6,1 % des femmes connaissaient l’existence de la PrEP avant de remplir le questionnaire.
Intention de prendre la PrEP : 36,7 % des répondants ont l’intention de rentrer dans un dispositif PrEP, dont 11,1 % le feraient « sans hésiter » (6,6 % des HSH, 2 % des hommes hétéros, et 1,9 % des femmes). Autrement dit, 1 109 personnes ont l’intention d’utiliser la PrEP dès qu’elle sera autorisée. Parmi elles, 336 répondants répondent « oui sans hésiter » et seuls 7 personnes (0,5 %) refusent complètement.
L’analyse des premières données montre que ce sont les personnes qui se sentent les plus vulnérables face au VIH qui ont l’intention d’utiliser la PrEP !
Ainsi dans notre enquête, la demande de PrEP est formulée par les personnes de plus de 40 ans, qui ont un faible niveau d’éducation, nées à l’étranger et ayant des enfants.
L’étude montre également que les femmes migrantes sont particulièrement favorables à l’utilisation de la PrEP. On retrouve là les arguments qui prévalent à la nécessité pour les femmes d’accéder à des moyens de prévention qu’elles peuvent maitriser sans être soumises au bon vouloir de leurs partenaires.
La conscience d’être vulnérable au VIH est la clé de la demande de PrEP : les personnes ayant un nombre de partenaires sexuels élevé ainsi qu’une pratique régulière du dépistage sont les plus demandeuses, c’est également le cas pour les personnes prostituées interrogées ou celles en couple sérodifférent.
FLASH PrEP a également permis d’interroger les personnes sur leur usage de la PrEP « sauvage » !
Certaines personnes ont déjà développé des stratégies pour accéder à la Prep en l’absence de cadre légal. FLASH PrEP permet d’évaluer des premières tendances.
4,5 % (n=136) ont eu recours, au moins une fois dans la vie, à un traitement anti-VIH en prévention dans le cadre des relations sexuelles. Parmi ces 136 personnes :
74 % sont des HSH (n=98)
11 % sont des Hommes Hétéro (n=15)
14 % sont des Femmes (hétéro et FSF) (n=19)
Les homosexuels masculins, mieux informés, sont surreprésentés parmi les personnes ayant eu recours à la PrEP sauvage (7,5 % vs 3,1 % des hommes hétéros) mais les personnes qui estiment avoir un risque élevé ou très élevé de contamination au VIH ont plus de probabilité d’avoir eu recours à la PrEP sauvage (35,8 % vs 10,3 %)
Dépistage rapide communautaire : trois ans d’expérimentation
Depuis 2008 et le projet expérimental « ANRS COM TEST », AIDES mène des actions de prévention et de réduction des risques sexuels incluant une offre de dépistage rapide démédicalisé.
Les résultats de l’expérimentation ayant été particulièrement concluants, le ministère de la santé a autorisé le déploiement de ces programmes en 2010.
AIDES a depuis développé un monitoring de toutes ses actions afin de suivre au plus près son activité, pour pouvoir l’adapter le cas échéant et garantir la qualité d’une offre au plus près des besoins des populations les plus vulnérables.
A l’occasion du 1er décembre, nous proposons l’analyse des données du 1er janvier 2013 au 30 juin 2014 ainsi que les résultats de la première enquête de satisfaction des utilisateurs de nos programmes de dépistage rapide.
>> 61 941 entretiens de réduction de risques et dépistage !
- 464 résultats positifs
- Prévalence : 0.75 %
- Pour 32 % des personnes il s’agissait d’un premier test
- Pour 47 % des personnes le dernier dépistage datait de moins d’un an
Profils des personnes dépistées positives
464 tests étaient positifs, dont 342 étaient de nouvelles découvertes.
Pour les nouvelles découvertes de séropositivité, 28% des personnes n’avaient jamais fait de test de leur vie.
Pour 49% des personnes dépistées positives, leur dernier test remontait à moins d’un an. Sur les 464 personnes, 80% sont des hommes, 18% des femmes et 2% des personnes trans. L’âge moyen est de 35 ans.
42% d’entre elles sont nées à l’étranger, dont 44% en Afrique subsaharienne et 30% en Amérique du sud / zone Caraïbes.
Le taux de découverte de séropositivité dans les programmes de AIDES est 3,5 fois supérieur à la moyenne du dépistage en France !
Les facteurs associés au dépistage positif :
– Etre un homme qui a des relations sexuelles avec des hommes
– Etre un(e) travailleur(se) du sexe
– Etre originaire d’Afrique subsaharienne ou des Caraïbes / Amérique du sud
>> Des vulnérabilités qui se cumulent entre orientation sexuelle et origine géographique.
Concernant l’accompagnement : 67 % des personnes dépistées positives ont été accompagnées pour la confirmation du test. 64 % ont été accompagnés dans l’accès à une première consultation (sachant que 26 % connaissent leur séropositivité lors de la réalisation du test).
• Ces personnes qui connaissaient déjà leur statut sérologique positif voulaient : Connaître le dispositif de dépistage rapide démédicalisé,
- Observer la démarche à la fois pour tester sa fiabilité et en faire la promotion dans leur entourage s’ils en étaient satisfaits.
- Echanger autour de leur séropositivité.
- 24 % veulent vérifier un résultat positif donné dans une autre structure (laboratoire, CDAG, Hôpital, à l’étranger).
Enquête d’opinion sur la qualité de l’offre de dépistage proposé par AIDES
Du 7 au 20 octobre 2013, partout en France, AIDES a proposé à toutes les personnes dépistées par ses militants un questionnaire permettant d’évaluer leur satisfaction et recueillir leurs attentes en termes de dispositifs supplémentaires.
Les points abordés :
– La satisfaction liée à la démarche de dépistage
– L’opportunité de l’offre de dépistage
– Les services souhaités en complémentarité du dépistage rapide
83,2 % des personnes interrogées sont très satisfaites
96,7 % d’entre elles le recommanderaient sans hésiter à des personnes de leur entourage.
Un maintien de la qualité dans les actions « hors les murs »
La satisfaction des personnes rencontrées hors nos murs est significativement plus élevée que celle des personnes ayant fait un test dans nos murs, notamment sur :
- les horaires proposés,
- les conditions pour arriver au lieu de dépistage,
- la durée de l’entretien,
- l’accompagnement proposé après le test.
86 % des personnes nées à l’étranger sont arrivées par hasard sur les actions de dépistage. Ce sont elles qui sont le plus satisfaites de l’offre.
Une grande confiance envers les intervenants communautaires
- 88 % des personnes expriment avoir eu une réponse supérieure à leurs attentes concernant la qualité de l’écoute,
- 87 % sur la confiance et la sécurité transmises par les intervenants,
- 84 % sur la réalisation du test,
- 80 % sur les informations transmises sur la prévention du VIH et le résultat du test
- 77 % sur la proposition d’accompagnement après le test
Le dépistage c’est bien, mais il faut aller plus loin, ce sont les personnes elles-mêmes qui l‘expriment !
De fortes attentes de services sur le dépistage d’autres IST…
– 96 % souhaitent bénéficier du dépistage des autres IST
Mais aussi des besoins exprimés sur la contraception, l’avortement, le suivi gynécologique et le désir d’enfant
– Une préoccupation féminine…
2 femmes sur 3 sont intéressées pour bénéficier d’offres concernant la contraception, l’avortement et le suivi gynécologique, indépendamment de leur origine ou de leur orientation sexuelle.
7 femmes sur 10 nées à l’étranger montrent des attentes plus grandes que les femmes d’origine française au sujet du désir d’enfant, le plaisir dans la sexualité et la santé anale.
– … et masculine
Le désir d’enfant est aussi une préoccupation des hommes. Les HSH et les hommes hétérosexuels (44 % et 58,4 %) sont désireux d’une offre de service autour de cette thématique.
Les HSH et les femmes expriment le besoin de bénéficier d’informations sur la santé anale et les violences entre partenaires
– 71 % des HSH sont demandeurs de service concernant leur santé anale.
Les résultats confirment la pertinence du dépistage communautaire porté par AIDES, réalisé par du personnel non médical, et démontre son acceptabilité par les publics cibles. Ils démontrent aussi le maintien de la qualité du service proposé « dans » et « hors » nos murs.
L’intérêt de la démarche « d’aller vers » par des actions hors les murs est conforté par ces résultats. Cette enquête affirme le besoin des personnes d’accéder à des offres de services complémentaires en santé sexuelle.
Elle confirme la pertinence des revendications de AIDES pour la mise en place d’une véritable offre en santé sexuelle adaptée aux besoins des publics les plus vulnérables.