Journée mondiale de lutte contre le sida @Aides 1er décembre : La bourse pour la vie !

Jeudi matin, @AIDES a organisé un #happening #militant devant le Palais #Brongniart à #Paris. Une conférence de presse improvisée pour dénoncer les renoncements politiques et réclamer plus de financement pour l’accès aux traitements anti-VIH au Sud.

Etrange vision place de la Bourse : des boîtes de médicaments géantes aux noms ironiquement évocateurs (« Duvent « , « Tulorapa » ou encore « Trocouteux« ), ont été disposées à même le parvis. Quelques quatre-vingt militants sont tournés vers l’une d’entre-elles, qui fait office de pupitre pour les prises de parole. A la tribune, le président de AIDES Bruno Spire assène un chiffre choc : seize millions de personnes vivant avec le VIH qui devraient en bénéficier n’ont toujours pas accès à un traitement. En 2013, trente années après la découverte du virus du sida. « Ici et là-bas, le traitement est un droit », entonnent les manifestants devant les anciennes grilles du CAC 40.
Des maux, des actes

A quelques jours du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, AIDES et Coalition PLUS souhaitent interpeller les pouvoirs publics sur l’importance de financer l’accès aux traitements anti-VIH dans les pays du sud, notamment en Afrique. « Il manque près de trois milliards de dollars d’aide [douze milliards de contributions des Etats lors de la conférence de constitution du Fonds mondial en décembre, contre les quinze espérés par les activistes, ndlr] pour impacter l’épidémie », a expliqué Bruno Spire devant des militants au milieu de la place. D’après les projections, ce serait un million de vies sauvées, quatre millions de contaminations évitées et, à terme, une baisse significative du coût de la lutte contre le sida. Mais pour le président de l’association, le volontarisme politique n’y est plus, n’y est pas ! Et c’est le chef de l’Etat qui est principalement visé. François Hollande a annoncé devant l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales) une stagnation de la contribution de la France, à moins d’un milliard d’euros. Selon Emmanuel Trenado, secrétaire général de Coalition PLUS, cette stagnation est « inacceptable ». « Les promesses faites ne sont pas tenues. L’accès universel aux traitements, prévu en 2010, n’est toujours pas effectif. Pendant ce temps-là, l’épidémie continue et des gens meurent », ajoute Bruno Spire.

Le sida n’est plus une priorité

Pire, la taxe sur les transactions financières (TTF), outil de financement innovant réclamé par les associations, n’est toujours pas en place à l’échelle européenne. Certes, elle existe en France, mais son assiette a été réduite (elle rapporte donc moins) et son attribution dévoyée (voir encart ci-dessous). « Près de 90 % de cette TTF est allouée au comblement des déficits de l’Etat », s’insurge le militant. Soixante millions d’euros qui, aujourd’hui, ne sont pas ajoutés à la somme prévue pour la contribution française au Fonds mondial, mais « compris ». Malgré les efforts des pays du Sud pour augmenter les budgets nationaux pour la santé, le soutien international reste indispensable, ici comme là-bas. « Il est logique d’être solidaire des malades du sud. C’est dans l’intérêt de tous et c’est une obligation. Si les choses n’avancent pas en France, elles n’avanceront pas ailleurs ».

La colère des militants est palpable sur leur visages et audible dans leurs slogans. Car tous tombent d’accord, il serait incroyablement dangereux de penser que le plus dur de l’épidémie est derrière nous. « Si on veut vraiment en finir avec le sida, il faut passer aux actes », réclament-t-ils encore. « Les promesses ne suffisent plus », conclut Emmanuel Trenado.

Données épidémiologiques 2013 (projection estimée à partir du bilan ONUSIDA 2012) :
. Au moins 1,6 million de morts en 2013 (1,7 million l’an dernier) ;
. 16 millions de malades en besoin urgent de traitement ;
. 7 millions de malades avaient accès au traitement en 2012 ;
. Plus de 2 millions de nouvelles contaminations en 2013 (2,5 millions l’an dernier) ;
. 35 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde.

Financements estimés pour le Fonds mondial de lutte contre le sida sur 2014-2016 :
12 milliards de dollars.

Besoins estimés sur 2014-2016 pour commencer à inverser la courbe de l’épidémie :
15 milliards de dollars.
Soit un déficit de 3 milliards sur 3 ans : 1 milliard par an.

Evolution des contributions des pays clés pour le Fonds mondial :
. Etats-Unis : 1,65 milliard de dollars / an sur la période 2014-2016 ;
. Grande-Bretagne : 560 millions de dollars / an sur la période 2014 -2016 (annonce faite en septembre 2013) ;
. France : 460 millions de dollars (360 millions d’euros) / an sur la période 2014-2016 (annonce faite en novembre 2013).
. La France devient donc le troisième contributeur, derrière la Grande-Bretagne.
. La France est l’unique pays parmi les gros contributeurs à ne pas augmenter sa contribution.

Coût-efficacité du Fonds mondial (rapport ICSS)
1 dollar investi dans l’accès universel rapporte 12 dollars grâce aux contaminations évitées, indique le rapport de l’International Civil Society Support.

Coût de l’inaction 2014-2016 : 47 milliards de dollars
Selon l’ICSS, un statu quo financier à 12 milliards de dollars pour les trois prochaines années se traduirait par 3,9 millions de contaminations supplémentaires. Des contaminations qui auraient été évitées par une revalorisation à 15 milliards de dollars. Soit un coût de prise en charge à vie représentant l’équivalent de 47 milliards de dollars.

L’arnaque de la taxe sur les transactions financières (TTF) à la sauce hollandaise :
En juillet 2012 à Washington, François Hollande annonçait la mise en place d’une TTF dont une partie des recettes viendrait s’additionner à la contribution française afin de contribuer à l’objectif « fin du sida ». Pourtant : seuls 10 % de la TTF, soit 60 millions d’euros, seront finalement affectés à la lutte contre le sida. Ces 60 millions ne sont pas additionnels, mais compensent tout juste la baisse des fonds publics alloués au Fonds mondial. L’assiette et les taux de la TTF sont insuffisants pour en faire un financement ambitieux et pérenne : sur 46 millions de transactions françaises, seuls 6 millions sont soumis à la taxe, et 40 millions en sont exonérés. A commencer par le trading haute fréquence, pourtant responsable de la dérégulation financière.

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