Justice insolite : Eva Joly condamnée pour une réaction aux propos de Christian Vanneste sur la déportation des homosexuels

L’eurodéputée EELV été condamnée ce jeudi à 800 euros d’amende pour avoir « diffamé » Christian Vanneste, dans sa réaction aux propos polémiques de l’ancien député (ex-UMP) sur la déportation des homosexuels. Selon la justice, elle a dépassé les limites autorisées de la liberté d’expression en assimilant Christian Vanneste aux négationnistes. Le tribunal correctionnel de Paris a en outre condamné Eva Joly à verser à Christian Vanneste un euro de dommages et intérêts et 1500 euros pour les frais de justice.

Dans une vidéo diffusée sur internet le 10 février 2012, Christian Vanneste avait évoqué « la fameuse légende de la déportation des homosexuels »; des propos qui avaient provoqué un tollé. Alors candidate au premier tour de l’élection présidentielle, Eva Joly avait réagi dans un communiqué mis en ligne sur le site d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), lui reprochant d’avoir fait référence à des « propos négationnistes ».

« Le député UMP Christian Vanneste désormais coutumier des dérapages homophobes vient de passer un cran supplémentaire dans l’ignoble, en niant la réalité de la déportation des homosexuels pendant la 2e guerre mondiale. Il le fait d’ailleurs avec des phrases et en dénonçant un lobby homosexuel infiltré dans les médias qui fait une référence sans nuance aux propos négationnistes », affirmait-elle. Des propos jugés diffamatoires par le tribunal correctionnel de Paris.

Joly a « dépassé les limites autorisées de la liberté d’expression »

S’agissant du deuxième passage poursuivi, « nier l’existence et la souffrance de ces milliers d’êtres déportés pour leur orientation sexuelle renvoie à la même abjection que leurs bourreaux », les juges de la 17e chambre ont estimé que le propos n’était pas diffamatoire mais injurieux. Ici, « l’injure étant indivisible de l’imputation diffamatoire », elle est « donc absorbée par la diffamation ».

« Sur la réalité et l’ampleur de la déportation des homosexuels, question reconnue comme spécialement complexe et délicate, les parties se prévalent de certains documents identiques dont il ressort notamment qu’il y aurait eu un nombre extrêmement limité de Français arrêtés sur le territoire français et déportés pour le seul motif de leur homosexualité », souligne le tribunal.

Si Christian Vanneste a « minimisé et relativisé la gravité de la déportation des homosexuels, en des termes qui ont pu particulièrement choquer et blesser », « le bénéfice de la bonne foi ne peut cependant pas être accordé » à Mme Joly, « qui a en l’occurrence dépassé les limites autorisées de la liberté d’expression en assimilant Christian Vanneste aux négationnistes et en le qualifiant, de façon injurieuse, d’aussi abject que les bourreaux ». Eva Joly envisage de faire appel, selon son avocat, Me William Bourdon.

AFP