Sara Millerey González avait 32 ans. Le 5 avril, à Bello, près de Medellín, en Colombie, elle a été violemment frappée, puis jetée dans un ruisseau en pleine journée. Elle était encore en vie, grièvement blessée, incapable de bouger. Autour d’elle, des passants ont filmé la scène. Personne n’a plongé.
Une vidéo de 28 secondes, devenue virale, la montre luttant pour survivre. Sa mère, Sandra Borja, a tenté de se précipiter pour l’aider, mais a été retenue par la foule. Deux voisins ont fini par la sortir de l’eau, mais trop tard.
Transportée à la clinique locale, Sara n’a pas été prise en charge immédiatement. Selon sa famille, les soins ont été retardés. Ignorés. Le lendemain, elle succombait à ses blessures : poumon perforé, hémorragies internes, membres fracturés. Aucun suspect arrêté. Aucune mise en examen.
Depuis janvier, au moins 13 personnes trans ont été tuées en Colombie. À Bello, Sara est la troisième victime en quatre mois. Une violence ciblée, récurrente. Et un système qui détourne le regard.
Ginna, une amie de Sara, a vu les images. Elle parle de peur, de menaces : « On lui a laissé aucune chance. Et maintenant, ils nous disent : ‘Regardez ce qui peut vous arriver.’ » Le message est clair. Il vise à faire taire, à isoler.
En Colombie, cette mort a relancé l’appel à la justice. Mais au-delà du drame, c’est une question centrale qui surgit : quelle valeur accorde-t-on à la vie des personnes trans ? Invisibilisées, méprisées, souvent livrées à elles-mêmes, elles paient le prix d’un rejet social qui tue.
Sara n’était pas un fait divers. Elle était une femme. Elle aimait les paillettes, Britney Spears, et rêvait d’une vie simple, sans peur. Le jour de ses funérailles, le prêtre a prononcé son prénom. Un rare geste de respect. Sa mère l’a vêtue de blanc, avec une couronne de fleurs. Le cercueil est resté fermé : son corps était méconnaissable.
Sara est morte parce qu’elle était trans. Et personne n’a encore été tenu pour responsable.
Nous rendons hommage à Sara et adressons tout notre soutien à ses proches.