Un homme de 26 ans reconnu coupable de violences sur des fonctionnaires de police en marge de la manifestation parisienne de mardi contre le mariage homosexuel a été condamné dans la nuit de jeudi à vendredi en correctionnelle à quatre mois de prison avec sursis.
Cette peine est assortie d’une obligation d’effectuer 70 heures de travaux d’intérêt général (tig).
Le jeune homme a également été condamné pour « non dispersion après sommation » à l’occasion du premier procès à Paris des incidents qui ont émaillé les manifestations contre cette réforme, qui a définitivement été adoptée mardi par le Parlement.
Alors que l’ordre de dispersion avait été donné aux milliers d’opposants à ce texte rassemblés aux Invalides, plusieurs centaines de personnes sont restées sur place, déversant « une pluie de projectiles » sur les CRS protégeant la rue de l’Université menant à l’Assemblée nationale, selon un de ces policiers venus témoigner à l’audience.
Un commissaire de police a été blessé à la tête par un pavé.
« Le groupuscule dont faisait partie le prévenu a chargé notre barrage anti-émeute à plusieurs reprises », a affirmé un CRS à l’audience. « J’étais en première ligne et je suis formel: je l’ai vu jeter un projectile ».
« Il était de ceux qui haranguait les autres en chantant des chants de l’ultra-droite », a ajouté son collègue à l’audience.
Présenté en comparution immédiate à l’issue de sa garde à vue, le prévenu, cheveux ras, fines lunettes et tout de noir vêtu, a reconnu avoir jeté une cannette de bière vide en direction des policiers.
Selon lui, elle n’a touché personne, mais un des CRS affirme qu’elle a rebondi sur son casque. Une vidéo et des photos ont établi qu’il était en première ligne.
« Je tiens à m’excuser, franchement, auprès de ces deux messieurs. Je regrette », a dit le jeune homme originaire de l’Essonne, titulaire d’un BEP de comptabilité et employé comme préparateur de commandes.
Son intention en allant à la manifestation était « pacifique », affirme-t-il. « L’idée était de faire passer mes idées. Mais la violence n’apporte rien. »
Son avocate, Me Anne Bauthéac, a exhorté le tribunal à éviter les « amalgames » en ne faisant pas de son procès celui de tous les débordements. Rappelant que le casier de son client était vierge, elle a jugé disproportionnés les trois mois de prison (dont un avec sursis) requis par le parquet.
Le jeune homme devra verser 400 euros à chacun des deux CRS, en réparation du préjudice moral.
« On est là pour assurer la sécurité des personnes et des biens, pas pour servir d’exutoire à certaines personnes », a pesté un des CRS.
Ironie de l’histoire, le jeune homme a été arrêté mercredi à 01H30 du matin, après la fin des incidents, par ces deux mêmes CRS à qui il demandait son chemin, près de l’Assemblée.
Huit autres personnes interpellées en marge de cette manifestation ont été déférées jeudi soir au parquet de Paris.