Pas de « marche » finalement cette année pour la Pride marseillaise mais un « rassemblement statique » dans les allées du parc Longchamp. Un lieu « hautement symbolique, point de départ des défilés depuis 3 ans », précisent sur Facebook les organisateurs, mais surtout « clos », balisé et facilement « contrôlable », comme l’avait recommandé la préfecture de police, qui ne pourrait autrement en « assurer la sécurité ».
L’événement devait initialement se tenir le 16 juillet mais avait déjà été reporté en raison de l’attentat de Nice.
Un impératif et « une question de responsabilités », souligne également sur La-Provence Alain-Marc Deluy, co-directeur de la Pride. Car si Paris a maintenu un défilé raccourci et très encadré en juillet dernier, « une mobilisation avec des mitraillettes à côté n’aurait pas été cohérente avec l’idée que l’on se fait de la liberté d’expression ».
Un « Longchamp PRIDE Day » pour faire entendre l’appel à la défense des droits des personnes LGBTQI et des libertés démocratiques : une réponse à des conditions restrictives imposées que déplore toutefois les 3G, bar associatif lesbien et féministe, « fer de lance » de la communauté locale, qui fête justement cette année ses « 20 ans de luttes et d’avancées ».
« Nous sommes en colère. Pas de visibilité, c’est être placardisées ! Et nos existences, nos revendications ont besoin d’apparaitre publiquement pour être connues et acceptées », insiste l’association, pour qui cette décision « difficile pour toute la communauté LGBTQI, est « lourde » pour les femmes dont les libertés ne cessent de reculer. Machisme, sexisme, lesbophobie… Dans la seconde ville de France, qui se veut pourtant exemplaire de diversités, cet espace public que nous les femmes, luttons au quotidien pour occuper, nous est encore refusé aujourd’hui. Voilà un beau cadeau d’anniversaire : Mesdames, à présent, restez parquées ! », poursuit le communiqué.
Fidèles à leurs convictions, les 3G ont d’ailleurs sorti leur char ce 16 juillet, « même s’il n’aura pas quitté la plaine », nous explique Thelma, membre de l’association, « pour marquer le jour déjà, et défendre publiquement nos choix et libertés face aux intégrismes religieux notamment, et réclamer encore et toujours l’accès à la PMA pour toutes, et le droit d’occuper l’espace public en toute sécurité précisément ». L’association dénonce des conditions « indignes et inefficaces », d’où son refus de participer à la manifestation en « huis-clos » du 3 septembre.
« Un choix regrettable », estime néanmoins Alain-Marc Deluy, pour qui Longchamp est un parc qui bénéficie d’une suffisante notoriété pour attirer du monde. La campagne de communication de l’événement a d’ailleurs été renforcée. Et s’il n’y a pas de marche déambulatoire, avec les prises de parole associatives, politiques et institutionnelles, les organisateurs ont prévu de nombreuses animations et surprises, dont un spectacle dès 16h assuré par les sets des DJS et performers, des activités sportives, une soirée de clôture, ainsi que la bénédiction pailletée des sœurs de la Perpétuelle Indulgence, marraines de l’événement.
Valentine Monceau
stophomophobie.org