« La Belle Saison » : « la folle histoire d’amour entre une fille de paysans et une intello féministe »

« La Belle saison », la lesbienne et la féministe :

En ce temps-là, les filles jetaient du mou de veau à la tête des médecins antiavortement, libéraient des homosexuels internés dans des cliniques psychiatriques, déposaient à l’arc de Triomphe une gerbe à la femme (encore plus inconnue) du soldat inconnu, manifestaient pour le droit de disposer de leur corps, faisaient le coup de poing avec les flics, chantaient «l’Hymne des femmes» – «Ensemble on nous opprime, les femmes ensemble révoltons-nous !» –, avaient la langue bien pendue et des poils sous les bras.

C’était en 1971, quand Pompidou était à l’Elysée et le «Manifeste des 343 salopes», à la une du «Nouvel Obs». Pour raconter cette période, côté estudiantin, Catherine Corsini, la réalisatrice de «la Nouvelle Eve» et de «Partir», a évité le piège de la reconstitution historique et son inévitable défilé d’images vintage. Au contraire, elle a réussi à faire, sur un sujet ancien et combatif, un film moderne et jubilatoire.

« La Belle Saison » (sortie le 19 août) raconte la folle histoire d’amour entre une fille de paysans et une intello féministe, la première lesbienne, la seconde hétéro, qui se rencontrent à la fac et se retrouvent sur un tracteur. Les préjugés qu’elles combattent alors, aussi bien à Paris qu’à la ferme, sont-ils aujourd’hui vraiment révolus? Rien de moins sûr.

Ce parti pris d’intemporalité donne toute sa force à ce film que la blonde Cécile de France et la brune Izïa Higelin, merveilleusement accouplées, accordées, impudiques, portent à un haut de gré d’incandescence. En 1971, le journal du MLF s’appelait «Le torchon brûle». Ce film, aussi.

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Ce dimanche 16 août, Cécile de France était invitée sur le plateau du 20 heures de France 2 pour présenter le film : voir l’interview