Depuis l’annonce du président américain Joe Biden d’étendre la défense des droits des minorités sexuelles dans le monde en priorité, la communauté LGBT+ au Ghana est devenue la cible des médias, dirigeants politiques et religieux qui, largement soutenus par l’opinion publique, à 94 % croyante, évoquent « un dérèglement complet de la loi fondamentale de Dieu… », outre la mise en danger de leur souveraineté.
Rappelons que les lois ghanéennes criminalisent les relations charnelles entre adultes consentants de même sexe. Le pays n’a toujours pas abrogé cette disposition spécifique, datant pourtant de l’époque coloniale, contribuant ainsi à l’instauration de ce climat d’hostilité. Le président Nana Akuffo-Addo a encore réaffirmé publiquement son opposition à toute légalisation ou dépénalisation, alors que les principes fondamentaux de la Constitution garantissent l’égalité devant la loi, le respect de la dignité humaine et le droit à la vie privée.
La toute jeune association LGBT+ Rights Ghana, qui venait ainsi d’inaugurer ses locaux, le 31 janvier, en présence de personnalités, célébrités et hauts responsables ghanéens comme européens pourtant, a finalement été contrainte de fermer ce 24 février : « Expulsés des locaux et perquisitionnés par les forces de l’ordre, vraisemblablement sur ordre du propriétaire des lieux, les membres de l’association ont dû se disperser », rapporte Le Monde.
Malgré la polémique, Kwame Edwin Otu, professeur adjoint d’études africaines à l’Université de Virginie, et spécialiste des questions LGBT, se veut optimiste : « Si la réaction des homophobes est aussi violente, c’est parce que le Ghana est en train de changer. Avant d’envisager une décriminalisation des relations homosexuelles, il faut provoquer le débat, et c’est ce qu’a fait LGBT Rights Ghana. »
67 personnalités du monde de la culture, souvent membres de la diaspora ghanéenne, ont publié lundi 1er mars une lettre ouverte en soutien à la communauté LGBT du Ghana, appelant le président Nana Akufo-Addo à « engager un dialogue constructif avec les dirigeants de la communauté LGBT ».