Star très influente de la musique populaire depuis les années 60, elle a publié vendredi un clip prônant la liberté d’aimer pour tous depuis son exil américain.
«Liberté d’aimer pour tous.» Ces quelques mots, qui s’affichent à la fin du dernier clip de Googoosh, la star de la chanson populaire iranienne, font beaucoup parler dans son pays depuis la publication de la vidéo vendredi, jour de la Saint Valentin, sur sa page Facebook.
Celui-ci met en scène, dans un suspens que l’on ne qualifiera pas de haletant, un couple de jeunes femmes dans leur vie quotidienne -rejetées par leur famille- et, en parallèle, vivant ensemble un concert de la chanteuse. Si le clip ne va pas jusqu’au baiser, il les montre bien se tenir la main dans un pays où, comme le soulignaient encore l’année dernière les Nations unies, les homosexuels sont encore durement persécutés. C’est comme si Johnny Hallyday avait pris position en faveur du mariage pour tous.
Si la chanson Behesht ne marquera pas la carrière de la chanteuse déjà chargée en mièvreries (on conseillera plutôt cette compilation de choses plus réussies), elle profite de la notoriété de l’artiste en Iran, qui mène depuis les années 60 une carrière qui la situerait chez nous entre Dalida et Barbara Streisand, pour mettre sur la table l’attitude du pays envers les homosexuels.
Sur les planches depuis son enfance comme le racontait en 2000 le documentaire La Petite Fille de l’Iran, Fāegheh Atashin, alias Googoosh, a traversé toute l’histoire récente de son pays aux premières loges médiatiques. Actrice à ses heures, elle a surtout enregistré des centaines de chansons romantiques, symbolisant le versant ultra-populaire et sirupeux de la passionnante frénésie musicale de l’Iran des années 70, jusqu’au coup d’arrêt de la révolution islamique en 1979.
Interdite de scène et fréquemment arrêtée comme presque tous les artistes, elle n’a pourtant jamais disparu des salons iraniens, les cassettes de ses chansons s’échangeant sous le manteau malgré son silence officiel. Exilée en Californie depuis l’an 2000, elle donne tout autour du monde des concerts à guichets fermés pour la diaspora iranienne et entretient son statut de monument national qui lui permet toujours d’avoir une voix qui porte dans son pays. «Je voudrais militer, contribuer à faire de l’Iran un pays libre et démocratique, disait-elle au Mondedans un long portrait publié l’an dernier. J’aimerais prendre mes responsabilités. Mais je n’ai ni le pouvoir ni les connaissances pour faire évoluer les choses.» Elle s’est aujourd’hui rappelé qu’elle avait, au moins, le pouvoir de faire changer un peu les consciences, même depuis son confortable exil américain.
Sophian FANEN
http://next.liberation.fr/musique/2014/02/17/la-diva-iranienne-googoosh-milite-pour-les-droits-des-homosexuels_980851