C’était attendu. Les députés britanniques ont voté mardi soir le projet de loi légalisant le mariage homosexuel en Angleterre et au Pays de Galles*, ouvrant la voie aux premiers mariages entre personnes du même sexe. Comme prévu, la Chambre des Communes n’a pas rejeté les amendements mineurs au projet de loi déposés par la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement.
Il s’agissait en effet d’une simple formalité, les députés s’étant ralliés le 21 mai, en troisième lecture, au projet de loi par 366 voix contre 161.
Le vote de mardi a mis un terme à un véritable parcours d’obstacles parlementaires tout au long duquel des députés conservateurs se sont rebellés contre ce projet porté par le gouvernement d’union entre les tories (conservateurs) et les libéraux-démocrates. Pour avoir force de loi, le texte devra encore recevoir l’assentiment royal de la reine Elizabeth II, attendu «mercredi ou jeudi», selon un porte-parole du ministère de la Culture, qui supervise le texte.
La loi ne pourra être appliquée que dans un an
Mais il faudra encore attendre un an pour que la loi puisse s’appliquer. «Nous espérons voir les premiers mariages homosexuels au milieu de l’année 2014 parce qu’il y a plusieurs problèmes à régler comme les conséquences (de la loi, NDLR) sur les retraites», a déclaré le porte-parole du ministère. En cause aussi, le fait que l’administration britannique va devoir actualiser les systèmes informatiques afin d’enregistrer correctement ces mariages entre personnes du même sexe. Ces ajustements, dénoncés par les conservateurs opposés au mariage homosexuel, devraient coûter deux millions de livres (2,3 millions d’euros) aux contribuables.
Mais ils devraient être largement compensés par les 14,4 millions de livres (16,8 millions d’euros), selon des évaluations du gouvernement, que pourrait rapporter le mariage homosexuel à l’économie britannique, sous forme de festivités, de vente de gâteaux et autres nuits d’hôtels.
Cris de joie devant le Parlement
Dès lundi soir, la validation par la Chambre des Communes a été accueillie par les cris de joie de partisans du mariage entre personnes du même sexe habillés en rose devant le Parlement, qui y ont vu le franchissement d’une étape décisive. «Ma vie et celle de beaucoup d’autres sera plus belle aujourd’hui qu’elle ne l’était hier», s’est félicité le Lord travailliste Waheed Alli, homosexuel déclaré.
Le chef des «lib-dems», le vice-Premier ministre Nick Clegg, a, quant à, lui déclaré aux partisans du mariage homosexuel réunis devant le parlement lundi soir que cette loi allait garantir que les lesbiennes, les homosexuels et les bisexuels se sentent dorénavant «reconnus et valorisés et non pas exclus».
Les couples pouvaient déjà adopter des enfants
La réforme prévoit de permettre à des couples de même sexe de se marier civilement. Elle est néanmoins avant tout symbolique, puisque les couples homosexuels ont déjà les mêmes droits parentaux que les couples hétérosexuels : ils peuvent adopter, recourir à la procréation médicalement assistée et à une mère porteuse, pourvu qu’elle ne soit pas rémunérée. Les homosexuels peuvent en outre s’unir depuis 2005 dans le cadre d’un partenariat civil.
* La loi ne concerne que l’Angleterre et le Pays de Galles, les autres régions du Royaume-Uni, l’Écosse et l’Irlande du Nord, ayant leur propre législation. Le gouvernement écossais a ainsi publié son propre projet de loi sur le sujet le mois dernier tandis que l’assemblée d’Irlande du Nord a voté pour bloquer une mesure similaire.
Une union illégale pour l’Eglise anglicane
La loi laisse aux diverses confessions la possibilité de célébrer ou non des unions homosexuelles religieuses, à l’exception de l’Eglise anglicane majoritaire dans le pays, au sein de laquelle le mariage homosexuel restera illégal. L’archevêque de Cantorbery, Justin Welby, chef spirituel des quelque 80 millions d’anglicans dans le monde, a exprimé à plusieurs reprises son opposition au mariage homosexuel.
Par ailleurs, les opposants à ce mariage refusent de s’avouer vaincus. La Coalition pour le Mariage compte ainsi mobiliser ses 700.000 partisans pour faire payer au Premier ministre David Cameron cette loi aux élections européennes de 2014 et aux législatives de 2015.
LeParisien.fr avec AFP