La Manif pour tous a coûté entre 650.000 et 700.00 euros. Des frais que les organisateurs comptent rembourser grâce aux dons des sympathisants.
Y seront-ils de leur poche? Quatre millions et demi de tracts, 43 camions pour la sonorisation, le podium et les trois écrans géants du Champ-de-Mars… les organisateurs commencent à faire leurs comptes. «Notre évaluation provisoire varie entre 650.000 et 700.000 euros, indique Albéric Dumont, coordinateur général de la Manif pour tous. Mais on n’a pas encore reçu toutes les factures…» Un chiffre très modéré, souligne-t-il, «grâce à notre immense armée de bénévoles… très pros».
Le poste principal a été la sonorisation et l’animation: 350.000 euros – «avec des devis écrabouillés», précise Frigide Barjot, l’égérie du collectif. «Nous avions des tours de son (sortes de grues montées sur un camion) à chacun des trois points de départ, et huit au Champ-de-Mars, détaille Albéric Dumont. Mais ce sont les 43 chars, chacun devant être conduit par un chauffeur professionnel, qui nous ont coûté le plus cher: environ 200.000 euros.» Deuxième poste, 150 000 euros pour les kits des manifestants: 50.000 drapeaux, 30.000 ballons, des dizaines de milliers de pancartes et de panneaux et quelque 200 kg de confettis.
En ce qui concerne la sécurité, «je n’ai pas voulu lésiner, confie le coordinateur. Nous avons dépensé 60.000 euros pour la sécurité privée et 22.000 euros rien qu’en frais de fonctionnement pour les 170 secouristes bénévoles, leurs quinze véhicules et les dix postes médicaux avancés.» Enfin, 50.000 euros ont été consacrés à l’équipement des bénévoles (tee-shirts, brassards et autres talkies-walkies).
Si Frigide Barjot évoque une poignée de donateurs anonymes ayant versé entre 20.000 et 30.000 euros, tous les organisateurs l’attestent, «on n’est pas une grosse machine, mais bien une manif citoyenne». «La quasi-totalité du financement, insiste Emmanuel Dastarac, responsable notamment du financement, provient de petits dons, en général entre 5 et 10 euros, de sympathisants n’ayant pas pu venir.» Quant aux transports en car ou en train, même si la SNCF a proposé des tarifs préférentiels, ils ont été entièrement financés par les participants eux-mêmes.
Gérée par un groupe d’étudiants en commerce, la boutique en ligne du site de la Manif pour tous a été rapidement suspendue, «victime de son succès», raconte Emmanuel Dastarac. En quelques semaines, 900 sweat-shirts à 25 euros et tee-shirts à 10 euros ont été vendus en ligne. Dimanche, 5.000 sweat-shirts et 20.000 porte-clés ont été écoulés en quelques heures.
Au cours de la manifestation, deux rangées de bénévoles en tee-shirt jaune ont fait la quête dans les trois cortèges. Au fond des petits sacs en plastique, on trouvait quelques billets de cinq euros, mais surtout beaucoup de piécettes… «Quand on vient en train à cinq, qu’on a dépensé plus de 400 euros, on se dit qu’on a déjà fait un bel effort», avouait dimanche une mère de famille venue de la région Rhône-Alpes. «On ne connaît pas encore le montant des sommes récoltées, explique Emmanuel Dastarac. La quête de la dernière manifestation, le 17 novembre, avait permis d’équilibrer les comptes, avec une petite avance, même. Mais là, si on rentre dans nos frais, ce sera probablement de justesse.»
Le collectif n’a bien sûr remboursé aucune note de frais. «Nos salaires ou nos budgets d’étudiants y sont largement passés, constate Emmanuel Dastarac, lui-même en CDD. Certains de mes amis sont dans le rouge.» Et à l’étranger, les organisateurs de manifestations parallèles ont dû entièrement s’autofinancer. «On a tout bricolé avec les moyens du bord, raconte Thibaud Contamine, l’un des responsables de la Manif pour tous à Varsovie, qui a rassemblé une centaine de personnes devant l’ambassade de France. Notre budget total, c’était 100 euros, pour louer un groupe électrogène pour la sono, elle-même prêtée par un ami. Notre quête nous a rapporté 70 euros, donc ça ira…»
Aujourd’hui, le collectif réfléchit à la suite de la mobilisation. «Ce qui est sûr, c’est que nous aurons encore besoin de dons, affirme Albéric Dumont, même si nous n’avons pas encore programmé d’autres manifestations.» En tout cas, à Varsovie comme ailleurs, pancartes et banderoles sont prêtes à être ressorties des placards.