La cour d’assises de Saint-Denis de La Réunion a condamné vendredi un prêtre séropositif à huit ans de prison pour viols sur un enfant de choeur de 14 ans, après deux jours d’audience au cours desquels le fonctionnement de l’Eglise a été au centre des débats.
Le père Jacky Hoarau, 54 ans, ancien curé de Sainte-Marie (nord de l’île), a reconnu avoir abusé de l’adolescent pendant un an, de mai 2007 à juin 2008, le samedi et le dimanche après la messe, dans son bureau de la cure.
L’affaire a éclaté lorsque les mauvais résultats scolaires de l’adolescent ont alerté sa mère, le conduisant à confier qu’il était abusé sexuellement par le père Hoarau. Il n’a pas toutefois pas été contaminé par le VIH.
Informé par la famille de la victime en décembre 2009, « le vicaire général a essayé de la dissuader de porter plainte », a déploré son avocat, Me Olivier Chopin. Même son de cloche de l’avocat de l’accusé, Me Georges-André Hoarau, selon lequel, « la hiérarchie de l’Eglise voulait que cette affaire soit réglée en interne ». Un signalement sera finalement adressé au parquet par l’évèque de la Réunion, Mgr Gilbert Aubry en janvier 2010.
Appelé à témoigner lors de l’audience qui s’est déroulée partiellement à huis clos, Mgr Aubry a nié toute pression sur la famille mais reconnu qu’il savait que le prêtre était séropositif et homosexuel. Il a relaté que dans les années 1990, il l’avait envoyé au Québec pour suivre une « thérapie ». « Il ne s’agissait pas de changer son orientation sexuelle mais de la relier au choix qu’il avait fait » en devenant prêtre, a-t-il expliqué.
« Le père Hoarau aurait pu transmettre la mort à cet enfant », lui a fait remarquer le président de cour d’assises, Michel Carrue. « Oui », a répondu l’évèque, avant d’ajouter : « ma position est connue, mieux vaut le préservatif que donner la mort et recevoir la mort ».
L’ex-curé a regretté qu’avant les faits il n’ait pas été soutenu par sa hiérarchie. Il a indiqué que son état dépressif était lié à son homosexualité qu’il avait du mal à assumer.
« Je n’ai pas eu la force pour me dénoncer », a-t-il dit à propos des faits qui lui sont reprochés.
Les expertises psychiatriques ont conclu, de leur côté, à un « manque d’empathie pour la victime ».
A l’issue du procès le père Jacky Hoarau a demandé pardon à l’adolescent, à sa famille, à l’église et à la société, avant d’être condamné à 8 ans de prison, un an de plus que la peine requise par l’avocat général.