Selon un amendement à la loi sur l’éducation nationale déposé par un théologien et sénateur d’un petit parti de centre droit, le PMP (Parti Mouvement populaire), et voté mardi 16 juin, « sont interdites les activités propageant la théorie ou des opinions sur l’identité de genre en vertu desquelles le genre est un concept différent du sexe biologique et les deux ne sont pas toujours identiques ».
Ce texte, qui a déjà été adopté par les députés avec notamment les voix des sociaux-démocrates toujours majoritaires bien que dans l’opposition, doit encore être promulgué par le président de centre droit Klaus Iohannis pour entrer en vigueur.
Plusieurs ONG et associations d’élèves et d’étudiants, appuyées par une pétition en ligne ayant recueilli plus de 16.000 signatures en quelques heures, ont ainsi exhorté Iohannis à ne pas entériner cette interdiction qui « enfreint les obligations assumées par la Roumanie » auprès d’organismes internationaux.
Ce vote intervient après l’élimination par les élus d’un texte autorisant les écoles à introduire des cours d’éducation sexuelle. Ces derniers ont expliqué leur décision par le souhait de « préserver l’innocence des enfants », dans un pays membre de l’UE qui enregistre le plus fort taux d’accouchements de mineures (rapport d’Eurostat datant de 2019).
La Roumanie s’aligne ainsi sur des positions promues par la Hongrie et la Pologne, « devenant un régime qui introduit la police de la pensée », s’est également insurgé Vlad Alexandrescu, sénateur de centre droit et professeur à l’Université de Bucarest. Il déplore une « violation de l’autonomie universitaire ».
Avant la Roumanie, la Hongrie voisine, membre de l’Union européenne depuis 2004, avait en effet déjà proscrit les études de genre en 2018. Et le mois dernier, Budapest a interdit l’inscription du changement de sexe à l’état civil et la reconnaissance juridique de l’identité de genre des personnes transgenres, malgré de nombreuses protestations internationales.