Des députés de la majorité ont proposé d’amender la loi qui interdit la “propagande des relations sexuelles non traditionnelles devant mineur” pour interdire plus largement toute “propagande des relations sexuelles”. Une manière de contrer les réprimandes de l’Occident et les attaques devant les tribunaux de militants LGBT russes.
La proposition de loi a été déposée ce vendredi 24 janvier à la Douma d’Etat, la chambre basse du parlement russe. Son but : amender la loi “anti propagande homosexuelle” que le gouvernement de Poutine a passée en juin 2013. Cette loi interdit officiellement “la propagande des relations sexuelles non traditionnelles devant mineur“, sous prétexte de “protéger” les enfants d’une orientation sexuelle considérée comme déviante en Russie, où 80% de la population est homophobe.
Pourtant, ces lois n’ont été que très peu appliquées depuis six mois, comme nous le confirme un journaliste du New York Times correspondant à Moscou. Seuls trois cas sont aujourd’hui recensés, dont un qui a été délibérément “provoqué” par le militant LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans) Nikolai Alekseyev. Un plan bien rodé.
“On ne devient pas gay, on naît gay”
Le 2 décembre 2013, il s’était rendu devant une bibliothèque pour enfants avec un autre activiste, Yaroslav Evtushenko, portant fièrement un panneau blanc sur lequel était inscrit en lettres multicolores “la propagande gay n’existe pas, on ne devient pas gay, on naît gay“. Le lendemain, les deux hommes étaient condamnés à payer 4 000 roubles (85 euros), et leur appel était refusé un mois et demi plus tard.
Le militant, lui, s’est réjoui de cette condamnation le 23 janvier sur sa page Facebook :
“Je suis vraiment fier de ce que j’ai accompli. Maintenant, nous pouvons porter notre dossier devant le conseil constitutionnel et devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) !”
C’est d’ailleurs aujourd’hui que Nikolai Alekseyev a envoyé sa demande à la CEDH à Strasbourg.
Une loi “anti propagande des relations sexuelles”
Pourtant, tout pourrait être remis en cause par cette proposition d’amendement de loi, déposée devant la Douma d’Etat par des députés de la majorité et des députés communistes et libéraux démocrates. Ce nouveau texte viserait à changer les mots “propagande des relations sexuelles non-traditionnelles” en “propagande des relations sexuelles” devant mineurs.
La raison invoquée par les députés ? Une hausse du nombre de relations sexuelles entre jeunes adolescents russes. Il s’agirait de “protéger les enfants d’informations nuisible aux valeurs de la vie de famille et du développement spirituel et intellectuel des mineurs“.
Une loi qui serait plus difficile à attaquer devant les tribunaux
Une manière d’essayer d’atténuer les critiques qui émanent de l’Occident concernant ces lois homophobes, sur lesquelles se concentrent les médias, à quelques jours du début des Jeux olympiques de Sotchi (du 7 au 23 février). D’après Nikolai Alexeyev, c’est surtout une façon de compliquer les attaques des militants LGBT devant les tribunaux. Il lui sera, selon lui, plus difficile de justifier le caractère discriminatoire de ces lois devant la Cour européenne des droits de l’homme, si celles-ci ne parlent plus de “relations sexuelles non traditionnelles”.
D’autant plus que la loi pourra continuer à être utilisée – en théorie, vu qu’elle l’est peu en pratique – pour cibler les homosexuels, notamment les associations qui “promeuvent publiquement l’homosexualité“, qui risqueront encore 21 000 euros d’amende (1 million de roubles) et 90 jours de suspension.